Extrait du journal
Li*Etoile de Patachou ». Sur sa chaise, Patachou hisse un tabouret, un coussin sur le tabouret, son jeu de l'oie sur le coussin. Sans qu'il s'en doute, je le contemple par-dessus mon journal. Il regarde autour de lui ; il ne découvre aucun autre objet, aucun autre Pélion qu'il puisse jucher sur son dernier Ossa. Alors, il entreprend de grimper au plus haut du mouvant édifice. Dans sa cage, le canari se méfie et" le surveille. — Où vas-tu, Patachou ? II voulait aller dire, avant de se coucher, un secret à l'oreille de l'oiseau. — Patachou, ne seras-tu donc jamais raison nable ? — Si ! L'année prochaine, le jour que j'aurai sept ans. Je le prends dans mes bras. Au lit ! Au lit ! Il va être neuf heures. A ton âge, j'étais cou ché depuis longtemps. A l'heure qu'il est, j'avais déjà fait au moins deux rêves. — Tu n'aimes donc plus à rêver que tu te couches si tard ? Il fait la moue. Je vous ai dit qu'on me l'avait confié pour un mois, et il n'a qu'à mon trer cette petite mine triste pour qu'aussitôt je veuille tout ce qu'il veut. L'autre soir, il m'a demandé une étoile. Je lui ai dit que, peutêtre, avec un filet à papillons, qui aurait un très long manche... Enfin, je lui ai promis que j'attraperais une étoile et que je la poserais sur le coin de son oreiller. Dix minutés après, il dormait doucement. Mais au réveil: — L'étoile ! criait-il. Où est l'étoile ? — Ne vois-tu pas qu'il fait jour ? Elle est repartie. Il fallait t'éveiller plus tôt. Elle était là, près de ta joue. Tu aurais pu la prendre dans ta main. Il m'a répondu : — La prochaine fois, tu la mettras dans une petite boîte. Elle ne pourra plus s'en aller. J'ai encore fait ce qu'il voulait. Nous avons une petite boîte. — Ne l'ouvre pas, lui dis-je. L'étoile s'échapperait. Il tourne la boîte et la retourne : — Elle ne pèse pas beaucoup, ton étoile ! Mais il est très fier de son trésor. Il a dit, en confidence, à la vieille cuisinière : — Chut ! J'ai une étoile. — Gardez-la bien ! — Si j'ou vrais cette boîte, la nuit, ma chambre serait tout éclairée. Mais il ne faut pas qu'on le sache. Si le bon Dieu s'apercevait qu'il lui manque une étoile, ce serait un beau tapage ! Il plumerait deux ou trois anges et vous pen seriez qu'il neige. — Nous l'emporterons en vacances, m'a-t-il dit. — Tu veux la mettre aux bagages ?. — Oh ! non. Je la garderai près de moi, dans le wagon. Si le contrôleur savait que j'emporte une étoile... Peut-être qu'on pourrait un peu ouvrir la boîte dans les tunnels ?... Maintenant, son étoile l'inquiète. Si ce n'était P3s,une vraie, étoile... , — La Curiosité nous tourmente et nous roule, Comme «» Ange cruel qui fouette des soleils... — Qu'est-ce que tu dis ? Rien. Tu liras cela plus tard. Il a ouvert la boîte. Pas d'étoile ! Il pleure. — Mais si ! lui dis-je ; je l'ai à peine vue, mais je l'ai vue. Elle a filé dès que tu as soulevé le couvercle. Tiens ! regarde au-dessus du marronnier : elle monte. Il écarquille ses yeux pleins d'espoir et de larmes. — Tu ne peux plus la voir, lui dis-je. Elle est trop loin. Regarde le ciel : elles y sont toutes et nous n'en apercevons aucune. Ah ! s'il faisait nuit !... Je t'en attraperai une autre. — Je veux la même. Patachou, nous avons tous notre petite étoile. C'est un beau rêve, et ce n'est rien. Tristan Derème. DEMAIN : ~~ LE CARNET DE FIGARO...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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