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Le Figaro, 29 septembre 1934

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Le Figaro
29 septembre 1934


Extrait du journal

" CONCESSION AU PUBLIC..." La charmante Madeleine Renaud, qui va « tourner » La Marche nuptiale à Rome, a été interrogée sur les marches du wagon. Contente ? Certes / Il est toujours agréable, de partir pour Rome en.septembre : l'au tomne sur le Pincio. — Et le scénario ? demande avec un peu d'inquiétude son interlocuteur, M. Didier Daix. — Il est fort beau 1 — Fidèle ? insiste-t-il. Et Ma deleine Renaud de répondre : — Oui, sauf à la fin, ou, pour faire une concession au public, Grâce de Plassans ne se tue plus... Elle ajoute encore, gentiment : — Cela m'ennuie un peu!... Vous comprenez bien que cela n'ennuie pas Madeleine Renaud de ne pas se tuér. Cela l'ennuie de ne pas respecter l'œuvre d'Henri Bataille. Elle a été élevée dans le respect des textes et je l'en félicite. Ce que je ne saisis pas, c'est l'excuse donnée pour changer du tout au tout un dénoue ment : « Faire une concession, au public...» Qu'est-ce que cela veut dire ? J'ai déjà entendu cette phrase, non pas chez les « producteurs » de films, que je n'ai pas l'honneur de connaître, mais chez des écri vains. Comment se figurent-ils le public : une espèce de monstre sentimental qui veut s'en aller du spectacle sans que l'héroïne soit morte? Croient-ils donc vraiment qu'il soit plus satisfaisant pour le public que la jeune fille revienne tranquillement chez elle après sa triste expérience ? A ce compte et par concession au publia, il faudrait faire ouvrir une maison de modes à Anna Karénine et expédier Werther aux colonies... Julia de Tréceur pourra donner des leçons d'équitation et Ruy Blas diriger une agence de placements... Je me rappelle Henri Bataille si intran sigeant sur son « style » (il avait tort, d'ail leurs), si vite cabré à la moindre critique, enfoui dans une avant-scène pendant les répétitions de ses pièces et veillant au secret de ses dénouements. Je n'ai pas une dévotion pour son œuvre' : nous savons tous quelles sont ses faiblesses et nous ne voyons que trop vite ses décrépitudes. Mais comment ne pas lui reconnaître une logique dans l'accomplissement de ses pos tulats et quelque vérité humaine ? Si la Femme Nue veut se tuer et se manque, si Maman Colibri doit rentrer au. foyer, humiliée, si Grâce de Plassans disparaît,, c'est qu'il l'avait voulu ainsi, en confor mité des caractères et de l'existence. Et le public avait donné à ces dénouements la sanction du succès : ce n'est donc pas lui faire une concession que les dénaturer, c'est trahir... Guermantes....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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