Extrait du journal

Aujourd'hui a lieu, à midi, à la Nouvelle-Sorbonne, la distribution des prix du Concours général entre les lycées de France. Les cartes d'entrée portent que le discours d'usage sera prononcé par un professeur de l'enseignement secondaire moderne. Le fait, en soi, est insignifiant ; dans les circonstances actuelles, il prend un sens et une importance. Certes, le choix est heureux et le public entendra, par une innovation ingénieuse, un joli discours en vers français d'un rimeur habile et original, M. Fabié, le poète des champs, le chantre récent de La Fontaine. Mais il faut bien le dire, parmi les professeurs de l'enseignement classique, quelques-uns, à ce qu'il m'a semblé, n'ont pas vu sans un secret déplaisir le ministre négliger leurs offices et leur éloquence pour s'adresser aux « modernes ». Leur étonnement constate une sourde rivalité, une vague résistance contre le courant qui nous entraîne vers les études spécialement françaises au détriment des études grecques et latines. Les nouvelles réformes ne laissent pas d'alarmer bon nombre d'universitaires, dont la majorité est conservatrice, je veux dire fidèle aux vieilles traditions de l'enseignement classique. Le dernier scrutin des agrégés a pris l'apparence d'une protestation. Les appréhensions et les contestations rongent au coeur le corps enseignant. Les séances du Conseil supérieur sont le champ de bataille des Epigones....