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Le Figaro, 30 novembre 1900

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Le Figaro
30 novembre 1900


Extrait du journal

î>ardàn pour le soldat qui vantait âîue-têtè " " " L'héroïsme de Villebois, Et qui n'est pas parti î Pardon pour le poète Qui n'a pas élevé la voix I » Pardon pour ce vieux monde aux âmes dégradées Où les meilleurs sont si mauvais, Pour moi qui, quand souffraient de pareilles Idées, ; Ai senti le mal que j'avais 1 JPardonl Ce cri devait sortir de chaque ville l ' 4 T'arriver comme un bruit de mer ! Et le pâtre suivant des yeux le tratin qui file . ..■ i Devait crier : Pardon, Kruger T ' > Ce cri devait, le jour, escorter ta voiture, i Assiéger, la nuit, tonbàlcon, i Eclater en tonnerre et monter en murmure : , ! Pardon 1 pardon ! — pardon I pardon I.,. : Mais maintenant, Vieillard, les rois doivent attendre : Ne fais pas attendre les rois. ...... . . . ' ; Pour être bien reçu comment vas-tu t'y prendre ? Oh I si tu crains les accueils froids i Pars pour le doux pays des Bibles et des pipes j, Ses' fils ressemblent à, tes fils ; Pars pour le doux pays de brume où les tulipes Ont pour petite reine un Lys 1 Va vers cette blancheur dont le Nord s'illumine ■ t Et que. Dieu regarde régner. ; ' ' Vieux Kriiger, va trouver la reine Wilhelmine, . Et disrlui de t'accompagner. " Dis-lui : « Petite Reine aussi bonne que blanche, • ?: Je suis très vieux et je suis seul. » . Elle se penchera sur toi comme se penche Une vierge sur un aïeul. 7 Alors tu poseras ta lourde et large paume .*■ ; f Sur l'épaule de cette enfant, '' Et vous vous en irez-de royaume en royaume, Couple que son rêve défendi Et ce sera si noble et d'une telle ligne, Si déchirant et si charmant, Qu'Antigone, du fond de l'ombre, fera signe , A Wilhelmine, doucement l . On croira tout d'un coup que tout se rapetisse • Quand vous passerez tous les deux, Et vous vous en irez mendier la justice • . A travers le siècle hideux l Les fois ne pourront pas vous refuser leur ^octe}"' 4 . Vôus entrerez dans leurs palais. Elle, elle parlera. Faible, : elle sera forte. Toi, ne dis rien : regarde-les, „ Ne dis rien, cependant, ô Vieillard impassible, Qu'elle corrige avec sa voix Ce que ton seul regard aurait de trop terrible Pour la conscience des rois. Je dfé que ce sera de beauté surhumaine, . Et je dis, lorsqu'elles verront Passer le grand Vieillard et la petite Reine, Que les âmes se lèveront 1 . : ^ Je dis que l'Empereur aux moustaches en pointes Sourira quand cet être clair Paraîtra sur le seuil en disant, les mains jointes : • « Mon cousin, c'est Monsieur Kriiger. » Je dis que le Rêveur, malade encor sans doute D'avoir trop connu qu'il rêvait, Quand il saura les deux qui passént sur la route Voudra, les voir à son chevet ! Je dis que l'ombre fuit quelquefois lorsqu'émerge ; Un doux front providentiel ; . . Je dis que la blancheur d'une robe de vierge Peut se communiquer au ciel i Que ce tout pètit doigt pourrait fermer les tombes, • Effacer et pacifier, Et que ce fut toujours le rôle des colombes. D!âpporter le Brin d'olivier ! Mais srla Reine échoue — hélas ! tout est possible 1 — Et si toi, vieillard malheureux, Tu ne rapportes rien que sur ta grosse Bible Une larme de ses yeux bleus 1 . Ayant sur ton chemin vu trop de laides choses, Aperçu trop de cœurs pourris, Si tu reviens avec des paupières plus closes, -, Des regards plus endoloris... J'espère, à ton retour, qu'après ce long martyre Tu déclineras les clameurs ; Tu ne permettras pas que l'Europe s'en tira . Avec quelques gerbes de fleurs i Tu diras, en rendant aux fillettes, je pense , Les gros bouquets aux nœuds flambants : « Je n'étais pas venu demander à la France Dés mots écrits sur des rubans. » Je compte que ton poing fermera la fenêtre» Que si la foule crié en bas w Pour s'amuser encore à te faire paraître, Kriiger, tu ne paraîtras pas I Tu diras : « Maintenant il faut que je m'en aille. Je veux retraverser Paris v La iiuit, tout seul, à pied, en rasant la muraille, Sans musiques, sans fleurs, sans cris. » Tu diras : <* Laissez-moi. Non. Plus de Cannebièrel Assez de Gare de Lyon 1 Laissez-moi maintenant rentrer dans matahière, . Seul et triste comme un lion I » Des derniers coups de feu l'écho des kopjes gronde, Le dernier long-tom a tonné... Nous nous sommes battus pour étonner le monde. C'est bien. Le monde est étonné. »...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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