Extrait du journal

Fatigués de la soirée de la veille, de s'être couchés tard—mais était-il vraiment possible de se mettre au lit, en sortant du théâtre, sans avaler une tasse de chocolat ou quelques huîtres ? — et de s'être levés trop tôt, bous culés, cherchant leurs cartouches et Jeurs armes, qu'ils n'ont plus le loisir de préparer amoureusement, comme au temps de l'ouver ture, les « fusils > somnolent, frileusement serrés dans leurs peaux de biques. A travers un paysage de brume, sous un ciel gris et mélancolique, le train de huit heu res file, les emportant vers la Sologne. Et seule, la perspective du déjeuner, au rendezvous des chasseurs, dans la salle à ; manger, bien chauffée et pleine de mouvement les égayé un peu et les réconforte. : La tarte aux pommes brûlante et fleurant bon, onctueuse et caramélisée à souhait, est maintenant avalée, le café bu, les cigares allumés, il faut penser à se mettre en chasse. L'entrain est revenu, et, cependant, on jette un regard de regret, au bon feu clair que l'on va quitter .pour le bois humide et plus d'un, sans vouloir se l'avouer, déplore presque qu'une pluie implacable et sans merci ne rende pas la battue impossible. Quel déli cieux bridge l'on ferait jusqu'au soir. Mais, le ciel s'est découvert, le temps dé vient sec, le soleil parait, bien pâle et gelé, mais epfin, c'efct le soleil, on se décide à partir. Toute la coquette tenue des chasses d'été a du subir bien des transformations. Le tyro lien de peluche verte à aigrettes ou le feutre souple sont remplacés par de sérieuses cas quettes à rabat, les bas -de laine écossaise aux revers multicolores ont cédé le pas aux bandes de drap, les fins leggiugs de chamois à la rude molletière de cuir, la bottine jaune, suffisante aux terrains secs et sans ornières de septembre, est maintenant détrônée par le robuste brodequin graissé, aux larges se melles, et le fringant complet de lainage...