Extrait du journal

peuple enfin. Et la résistance de l'opinion fut si unanime et si forte que le Roî, ayant permis le mariage, dut reprendre sa parole et retirer sa permission. Aujourd'hui, dans la monarchie' d'Eu rope la mieux cadenassée d'étiquette, on voit les archiducs s'amouracher à qui mieux mieux de simples demoiselles d'atour, sans que le bon peuple y perde une nuit, de sommeil ou l'appétit d'un repas. Le bon peuple a bien d'autres soins, et aussi le roi de ce peuple ! « Paye l'impôt, travaille, ne fais pas de bruit, et dès lors aime qui tu voudras », disait naguère le Roi à son peuple. Le peuple, actuellement, dit au Roi : « Fais bien ton métier de vigie et de major dome; sois bon fonctionnaire, et je te laisse épouser la femme qui te plaît, — pourvu qu'elle soit honorable. Hors son honneur, nous n'attendons pas d'elle un acquêt... » Voilà donc les souverains libérés de cette affreuse tutelle de la raison d'Etat qui les contraignait à ne jamais con naître du mariage que les cérémonies et les gestes, — point les émotions ni les joies. Ils sont moins puissants ; mais ils sont plus libres. Ce qu'ils ont pe'rdu en pouvoir sur le peuple, le peuple le leur rend en indépendance domestique. Dé sormais il ne tient qu'à eux d'être, chez eux, des hommes comme les autres, des hommes au cœur'palpitant, des fiancés, des