Extrait du journal
Il n'y a pas de volupté plus fine que se promener au long des routes de France, et à chaque étape, s'asseoir à la table d'une au berge, manger de bel appétit les plats sim ples qu'a créés le génie du lieu, boire le vin clair, mûri sur les coteaux qui bordent le vil lage. Celui qui n'est pas gourmand ne sait pas voyager. Celui qui n'aime pas le vin ne sait pas la joie. On a marché des heures dans le soleil et l'on garde aux lèvres ce goût de poudre qui ouvre l'appétit, ou bien l'on descend de voiture avec le petit frisson des bêtes trop longtemps immobiles. Et l'auberge, au bord de la route, ouvre sa porte, accueille. La façade a la noblesse des lignes classiques ; dans la cuisine, qui date d'un grand siècle, flotte; le parfum du bois vert qui craque au feu; Sur les tables de chêne ciré, le linge est rude et bis, savoureux aux doigts. Le pain est beau, le : vin coule d'une cruche ou court un décor d'une bon homie subtile. Ici commence un bonheur. Ce bonheur, on ne l'oublie, plus, si on l'a goûté. On y retourne. Voici qu'on est gour mand, enfin, mais gourmand, à la française, c'est-à-dire avec de la simplicité et tout à la fois un raffinement. Et l'on s'efforce à recher cher, dans l'ordonnance de sa cuisine, ces plats provinciaux qui sont la gloire de nos petits pays, ces vins délicats qui égayent chaque région , de Erance : effort difficile car une chimie cosmopolite nous empoisonne et nous gâte le goût. 11 faut accepter comme un guide excellent, un petit livre délicieux qui vient nous aider aujourd'hui. Voici qu'il nous apporte les re cettes de ces plats savoureux que nous nous souvenions d'avoir mangé en Bretagne, en Anjou, en Bourgogne ou eh Provence, et dont nous n'avions pas su deviner le secret, ou que notre faible talent ne nous permettait point de réussir. Imaginez ainsi, que vous ayez gardé le souvenir d'une « fricassée de poulet », rencontrée dans un petit village de Bourgogne, ou d'une « bourride », savourée en Provence. Abandonné dans Paris, vous,ne savez imiter que faiblement ces merveilles. Le petit livre : Les bons plats de France, ai dant, vous voilà sauvé. C'est un livre de cuisine régionale et c'est ce qui en fait tout le charme. Sous le pseu donyme léger de Pampillc, on nous offre ce cadeau modeste, mais délicieux, d'une qualité joliment française. Les bons plats de France seront le répertoire ou l'on se porte dans le doute, un livre d'av'entures aussi, par quoi l'on s'essayera à être lorrain, auvergnat, gascon ou franc-comtois, un soir. C'est un livre pratique d'abord : «Vous qui ouvrirez ce petit livre, n'y recherchez pas des recettes nouvelles ou compliquées ou des menus de" grand dîner avec des pièces mon tées... J'ai voulu seulement, donner les re cettes des plats les plus caractéristiques de chaque province... ». Et c'est un livre qu'on- ne peut qu'aimer et dès la première phrase ; on y retrouve des amis auxquels on restait fidèle et qui trop souvent nous avaient abandonné, ou bien qu'on ne re connaissait plus tant ils avaient changé : les soupes, le pot-au-feu, la poule au pot, le bœuf à la mode, la salade de pommes de terre, les ragoûts, le chou farci, le civet de lièvre, l'omelette au naturel... Ce sont là des plats nationaux. Mais voici les plats régionaux qui vont de la Flandre...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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