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Le Fin de siècle, 9 septembre 1897

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Le Fin de siècle
9 septembre 1897


Extrait du journal

qui devait arriver arriva ! Il y a cette fatalité charmante que tout ce qui est aimable ne tarde pas à être aimé; les papillons sont nés le jour où s’épanouirent les roses. Un jeune homme, un voisin, presque un parent peutêtre, n’importe, se trouva là, puisque Béren gère y était ; et ils s’aimèrent, puisqu’ils se virent. Ce fut d’abord l’adorable charme des puériles tendresses; bien que l’amoureux — ayant séjourné dans les villes — n’eût point les inexpériences de l’amoureuse, ils connu rent ensemble l’ineffable délice d’être épris et purs à la fois; à l’aimer, il redevenait chaste comme elle. Serrements de mains der rière les portes! souffles échangés de bouches qui n’osent se frôler encore! frissons à cause d’une boucle de cheveux sur un cou! quelle extase vous pourrait valoir, douceurs pre mières, jamais oubliées? A vrai dire, Béren gère, dans cet amour, cessa d’être aussi parfaitement ignorante qu’elle l’était naguère. Ayant senti une main ardente lui serrer sa petite main, elle n’aurait plus considéré comme un importun brutal l’oiseau qui oppri mait l’oiselle aux ailes étendues ; si vous lui aviez offert d’apprendre à filer, en lui disant que, filer, c’était la chose inconnue, espérée en rêve, j’incline à penser qu’elle eût hésité à vous croire. Elle devinait maintenant, elle savait que le bonheur doit être fait de deux joies ! Mais que d’innocences lui demeuraient plus précieuses d’être moins enfantines! Et, en même temps, des effrois lui venaient Quand il la regardait avec des yeux pleins d’impatientes prières, — car, enfin, on ne saurait se borner à effeuiller toujours les froides marguerites de l'amour sans baiser, — elle se sentait épouvantée et extasiée à la fois. Elle avait une envie de le fuir, et une envie d’être emportée parlui, où? n importe, partout où ils seraient seuls. Elle se faisait j une idée terrible du moment où il la tiendrait, frémissante et pleurante, entre ses bras ; sans savoir de quel supplice elle serait la vic time, elle prévoyait un étrange tourment, plus affreux que tout ce qu’on peut rêver ; mais la peur de la souffrance n’excluait pas l'espoir de l’ivresse. Cette douleur inconnue, elle la voulait, malgré ses craintes et ses rougeurs ; elle se résignait à l’angoisse mys térieuse du bonheur ! De sorte qu’un matin d’été, elle résista mal lorsqu’il la voulut en traîner dans le bois silencieux et profond, plein d’ombre et de caresses ; ils furent seuls très longtemps en leur cachette fleurie, sous l’enlacement des lianes ; les abeilles vibrantes, " Vr , S? “t ^ "...

À propos

Fondé fin 1890 par François Mainguy et René Émery, Le Fin de siècle était un journal mondain bihebdomadaire. Lorsqu’il paraît, il sort immédiatement de la masse en vertu de son style badin et de l’érotisme à peine voilé de ses dessins. En 1893, son « bal Fin de siècle » fait scandale à cause de la tenue très légère de certaines de ses convives. Quelques années plus tard, en 1909, le journal devient Le Nouveau Siècle. Il disparaît en 1910.

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