Extrait du journal

La délicieusement blonde Luce Verneuil lit l’autre jour la connaissance d’un monsieur pourvu d’une calvitie respectable, qui affichait des airs d'élégance cossue, un peu trop cossue même, et par cela vulgaire. Mais tout annon çait en ce monsieur la bonne poire qui sait récompenser par des générosités les savou reuses complaisances d'une tendre amante. Le monsieur se dit fabricant de pianos. Luce exulta! Elle avait justement envie d'un piano en laqué blanc. Elle exprima son désir. — C’est entendu, lui dit son ami, tu auras ton piano dans trois jours... le temps de le faire accorder et envoyer... Et pendanltrois jours, — trois nuits plutôt, — Luce égrena en sa compagnie tous les arpèges du clavier des voluptés... Ces crescendo... les pianissimo, les rinforzando se succédèrent sans interruption... Quand son ami fut parti, Luce reçut bien le piano laqué blanc, objet de sa convoitise, mais le piano, de dimensions minuscules, était un piano de poupée. De rage, Luce l a brisé. Elle ne décolère pas et semble mûre pour l'hydrophobie....