Extrait du journal
cient surtout la sécurité. Kilos craignent la vanité des hommes de leur monde, qui s’enorgueilliraient peut-être de leur conquête, confieraient ;\ quelque ami le mystère d’une liaison qui serait demain le secret de tous les polichinelles. En outre, elles espèrent de l'amant sacerdotal une fidélité essentielle : elle ne s’imaginent pas que celui qui a trahi son Dieu peut tromper sa maîtresse aussi. Enfin, la peur de l’enfant, celte terreur menaçante, épée de Damoclès recelée sous les draps de la couche adultère, s’amoindrit, devient nulle. Le prêtre, comme le médecin, et mieux peut être, connaît les méthodes pour que le péché soit infécond, stérile : la faute est moins complète lorsqu’elle ne s’ag grave pas de la maternité, qui est la déso lation et le désespoir des dames de notre siècle ! D’autres ont pour le prêtre l’admiration qu’elles auraient pour un jeune premier ou un ténor. N’est-il pas l’acteur d’une divine comédie? Le prédicateur surtout les attire. Elles se laissent charmer par les virtuoses de l’éloquence, elles se grisent de l’harmo nie, du rythme sonore des phrases réson nant sous la voûte des basiliques . Et c’est un orgueil pour elles de clore, entre leurs lèvre*, cette bouche superbe (pii jette aux foules la parole de Dieu. L’abbé galant grappille de ces bonnes fortu nes. 11 cueille, sans nul scrupule, les caresses, les baisers. 11 n’a pas l’allure d’un don Juan. Il est plutôt Lovelace. Souvent il est Alphonse. Il aime l’amour ; il en accepte les profits. Très prudent, il redoute la passion des jeunes ti 1 les et des vierges. Lorsqu’elles s’ofl’ient : sont-elles désirables? il les marie d’abord, et les possède ensuite. Pauvres ou laides? alors il les sermonne, dresse devant elles l’infranchissable obstacle de ses vœux et de sa chasteté. Il préfère, sur toutes, les veuves, les veuves un peu mûres. Avec elles, le danger disparaît, elles sont de remarquables amantes d'une sens ualité plus savante que les jeunes maîtresses. Dans leur tendresse, il y a de la passion et de l’atîection maternelle à la fois, ce qui constitue un alliage des plus agréables. Elle sont caressantes, câlines, généreuses ; elles entretiennent l’amitié avec d'innom brables cadeaux, des aubes en dentelles, des rochets de guipure précieuse, des bagues, des objets d’art, voire de l’argent. L’abbé galant n’aime, en général, que les femmes qui lui sont utiles par leur fortune ou leurs relations. 11 joue le grand jeu de l’ardeur passionnée, parle à tout propos de ses remords, de ses sacrilèges, feint souvent des repentirs et des désolations ! — Pour toi, je trahis mon Dieu t Je me précipite dans le gouffre de l’enfer! L’amante croit à la sincérité du prêtre coupable : elle veut étoutïer ses remords ; faire au moins, durant la vie présente, un paradis terrestre à celui qu’elle ravit à la paix de l’autel. Elle le comble d’amour, de présents, de bien-être. Pour le sentir plus souvent près d’elle, facilement elle l’intro duit dans son milieu, le présente à son monde, le fait inviter à d’excellents dîners, aux fêtes, aux réceptions. Rarement, l’abbé galant s’éprend sincè rement, aime véritablement. Ses amours, scs lucres le rendent pareil à la fille de joie, la marchande de caresses, dont le cœur est blasé, la chair trop rassa siée. Il est atteint d’une incurable impuis sance d’aimer. Il a des béguins, des passa des, des fantaisies, qui ne durent qu’un jour et qui sont du temps perdu. La tille a du moins l’admirable faiblesse de s'arracher parfois aux décevantes parodies commerciales, pour chérir son amant de cœur! CLÉO....
À propos
Fondé fin 1890 par François Mainguy et René Émery, Le Fin de siècle était un journal mondain bihebdomadaire. Lorsqu’il paraît, il sort immédiatement de la masse en vertu de son style badin et de l’érotisme à peine voilé de ses dessins. En 1893, son « bal Fin de siècle » fait scandale à cause de la tenue très légère de certaines de ses convives. Quelques années plus tard, en 1909, le journal devient Le Nouveau Siècle. Il disparaît en 1910.
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