Extrait du journal
chez nous, il passait parfois des semaines en tières sans me dire : « 0 dear Kate ! comme vous avez de jolis nichons! » phrase que toi, tu me répètes vingt fois par jour. Que veux-tu? Il n’était pas indifférent à mes charmes, mais il n’avait pas le temps de s’en occuper. Il n’y pensait pas! Alors, moi je trouve que je fais très bien de ne plus le distraire de ses travaux. Et toi, en restant près de moi, tu rends un grand service à Mac Huvett et à la science. — J’en suis très fier, Kate, répondais-je. Mais, sacrebleu ! ne pourrais-tu suggérer à Mac Huvett d’inventer quelque baume pour adoucir un tantinet les fessiers trop durs? Positivement, ma chère, le tien me donne des ampoules. Alors Kate rigolait comme une petite folle et, se pendant h mon cou, elle me glissait dans le tuyau de l’oreille : — Dis, mon gros cochon bleu, veux-tu?... C’est pour la science. Et je vous flanque mon billet qu’on a bombardé un tas de pharmacien et de sousvétérinaires officiers d’académie qui ont bougrement moins que nous mérité cet hon neur. ... Et cependant Kate trouvait encore que nous n’en faisions pas assez ! Au fur et à mesure que nous avancions dans nos études, elle devenait curieuse, in quiète, romanesque... — Oh ! mon gros polisson de lapin en sucre, me dit-elle un jour, je vomirais tant, tant, que tu ne couches plus tout seul dans ton grand lit où tu dois bien t’ennuyer!... Mais comment faire? dis, comment m’y pren drais-je bien pour lâcher mon mari ? Si doucement que je le quitte, au milieu de la nuit, il s’apercevra que je ne suis plus là... 11 a le sommeil d’un léger ! et alors, il me cherchera partout. 11 ne faut pas de cela, n’est-ce pas ? — Ah ! non par exemple 1 m’écriai-je ; il ne faut pas de cela ! Je n’ai aucun goût pour le drame, ma chère amie. De par tous les dia bles , je t’en supplie, nous sommes tran quilles, ne faisons pas de bêtises 1 Pendant une bonne heure, je fis ainsi de la morale à Kate. Elle m’écouta distraitement, les yeux perdus dans le vague. Enfin elle interrompit mon discours par ces énigma tiques paroles : — J’ai trouvé 1 Ce soir même, pas plus tard que ce soir, apprête-toi à me recevoir dans ta couche!... Ce que je vais faire, est abominable ! Je vais me déshonorer, mais tant pis, tant pis ! Kate, ma petite Kate, ma grosse crotte rose, je t’en supplie !... — 11 suffit ! conclut-elle. Ma résolution est prise. Mais rappelle-toi bien ce que je te dis, Falstaff : Je vais faire pour toi ce qu’une femme de mon pays n’a jamais fait pour aucun homme! J’espère que tu voudras bien reconnaître un jour que je t’ai donné la plus belle preuve d'amour !......
À propos
Fondé fin 1890 par François Mainguy et René Émery, Le Fin de siècle était un journal mondain bihebdomadaire. Lorsqu’il paraît, il sort immédiatement de la masse en vertu de son style badin et de l’érotisme à peine voilé de ses dessins. En 1893, son « bal Fin de siècle » fait scandale à cause de la tenue très légère de certaines de ses convives. Quelques années plus tard, en 1909, le journal devient Le Nouveau Siècle. Il disparaît en 1910.
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