Extrait du journal

tête-à-tête et les repas parfois silencieux, entre époux et femme, au bout de quelques années sont des imbéciles. Fatalement, ils passeront pour les plus beaux cocus du quartier. L’ami intime — c'est la règle — fait toujours la cour à madame, lui cha touille les jambes, lui pince la taille, tout d’abord avec des airs de bon en fant qui aime à rire et ne veut rien de plus. Quatre-vingt-dix fois sur cent, s’il sait attendre, la favorable occasion naîtra sûrement en un de ces moments où la chair de femme, cupide de sen sations et de frissons nouveaux, est mure pour l’adultère ; l’épouse viendra s’asseoir sur les genoux du bon ami, relèvera ses jupes ; tous deux disloque ront les chaises, s’affaleront sur le lit. Si la femme, par froideur ou par honnêteté, résiste, l’ami vexé se ven gera de ce dédain, par des insinuations, des sourires, des demi-aveux perfides. Et, s’il est du Midi, il se grisera de ses propres paroles ; à force de conter ses amours, ses jouissances, il finira par se persuader qu’il les a vécues....