Extrait du journal

Ou eaus lit. Robert, le poète élégiaque dont le luth, éternellement, pleure en de déchirants sanglots les amours défuntes, vantait les avantages des passions bour geoises, des ardeurs pondérées. — Non, disait-il, ce n’est pas une rai son, parce que je chante en mes vers les idéales amantes, pour que je les pleure — ou même pour que je les recherche dans la Vie. Du reste, elles n’ont jamais existé, ces amantes-là ! Elles sont du domaine de l’Art et de la littérature, — les plus vieux clichés et toujours les meilleurs, — mais jamais, non jamais, je ne les ai rencontrées. Et si je les avais trouvées sur mon chemin, je les aurais évitées comme la peste : car les grandes passionnées, voire les vierges séraphiques deviendraient tôt d’abominables cram pons. Ce qu’il nous faut à nous, à moi surtout, homme du dix-neuvième qui ne puis vivre de l’air du temps, qui suis obligé de travailler, — et qui, en écrivant un bouquin, ne fais en somme, marmiton d’art, que cuisiner une sauce qui sera servie demain sur la grande table du public par mon gargotier d'éditeur, — ce qu’il me faut c’est une sérénité d’âme, une tranquillité d’esprit, incompatibles avec toute préoccupation autre que celle de mon art, de mon métier si vous vou...