Extrait du journal
D'abord, tranquillisez-vous. Le comte est retrouvé. Tandis que nous nous in quiétions de sa santé et de son sort, il nous trompait, tout simplement. Mais la Providence l’a puni. Voici l’histoire en deux mots : Vendredi soir, en vous quittant, M. d'Arminges ne s’est point rendu au cer cle. 11 a été retrouver un de ses amis, M. Jules Clair, agent de change, lequel l’a emmené... à Bellevue, — oui, madame, à Bellevue, près Paris. Là, sur la lisière des bois, il y a une villa sans grande ap parence, et, dans la villa, une dame étran gère, Espagnole, dit-on, et deux jeunes tilles,—ses filles, dit-elle. Toutes trois accueillent fort bien les Parisiens, sur tout ceux qui sont riches et bien nés, comme M. d’Arminges. Je ne sais quel genre de distraction on avait offert aux deux amis, quand le comte fut subite ment pris d’un des accès que vous redou tiez. Épouvante des maîtresses de la mai son, embarras de Jules Clair, qui n’avait pas la conscience tranquille. On mande un médecin, qui dit» Bien à faire... Veil ler et attendre. « Fort bien. Jules Clair n’ose pas écrire chez vous ; il reste fidèle ment près de son ami, espérant toujours que celui-ci va reprendre ses sens... Mais les jours passent. Le pauvre agent de change, affolé, entrevoit les conséquences de l’aventure, vos inquiétudes, la police dans l'affaire... Et, bien inspiré cette fois, il m’écrit et lue raconte tout. ... Voilà, madame la comtesse ; vous en savez maintenant autant que moi. Je devine que votre premier mouvement sera de courir à Bellevue, chez les Espagno les. Voulez-vous me permettre de vous donner un avis respectueux? N'y allez pas ; laissez-moi ce soin. 11 ne vous con vient pas de vous compromettre là ; c’est un monde que, malheureusement pour moi, je connais mieux que vous. Je sais le langage qu’il faut y parler ; l’affaire, croyez-moi, sera rapidement et sûrement menée. Autre avantage que je vois à votre abstention : quand j'aurai fait reconduire le comte chez vous, vous pourrez sembler ignorer son aventure et affecter de croire qu’il s'est trouvé souffrant chez moi, tout simplement; il me paraît que ce sera plus commode pour vous et pour lui. .t'attends vos ordres, bien entendu, et vous prie d'agréer, madame, l’assurance de mes sentiments respectueux....
À propos
Fondé fin 1890 par François Mainguy et René Émery, Le Fin de siècle était un journal mondain bihebdomadaire. Lorsqu’il paraît, il sort immédiatement de la masse en vertu de son style badin et de l’érotisme à peine voilé de ses dessins. En 1893, son « bal Fin de siècle » fait scandale à cause de la tenue très légère de certaines de ses convives. Quelques années plus tard, en 1909, le journal devient Le Nouveau Siècle. Il disparaît en 1910.
En savoir plus Données de classification - d'arminges
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