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Le Français, 2 septembre 1887

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Le Français
2 septembre 1887


Extrait du journal

Un des journaux qui ont le plus vive ment et le plus sincèrement appuyé la poli tique de modération que l’on attendait du ministère Rouvier. la Liberté, s’effraie au jourd'hui des conséquences que pourrait avoir une politique qui forcerait la droite à reprendre les hostilités. La citation est un peu longue, mais elle vaut la peine d’être donnée : « La droite, on le sait, » dit la Liberté, n'a mis aucune condition » à son concours. Le ministère, de son > côté, ne lui a rien promis, et il est » bien certain qu’il n’entend rien lui » donner. Si elle appuie le gouver» nement, c’est uniquement pour éviter » que le pouvoir ne tombe dans des mains • radicales; c’est pour défendre, avec lui, » l’ordre, la liberté, la société, peut-être la » patrie, contre la révolution. Elle ne ré» clame, elle n’obtiendra rien de plus. Elle » le sait et elle s’honore en s’y résignant. » Mais, si on s’obstine à méconnaître le » patriotisme et la dignité de cette con» duite, si on veut reprendre contre la > droite le système d’hostilité implacable • qui, pendant si longtemps, l’a mise en > quelque sorte hors la loi, il est à craindre » que son impassibilité n’ait un terme et » quelle n’accepte de nouveau la lutte » qui est bien plus redoutable pour la Ré» publique que pour ses ennemis. Alors, • il faut bien le dire, nous reverrions aus» sitôt les crises profondes que la sagesse » du Président de la République et des t ministres actuels a momentanément » écartées. Il suffirait que la droite le » voulût pour que tout fût de nouveau bou» Inversé. Est-il possible de ne pas tenir » compte d’une telle situation et de tels » dangers ? Ce serait de la déraison au• tant que de l’imprévoyance. Comment • ne comprend-on pas quelle magnifique » position on ferait à la droite en re» prenant contre elle la guerre d’autre» fois ? N’aurait-elie pas le droit de dire o au pays : ® J’ai voulu sincèrement la » paix ; j’ai cessé une opposition svstéma» tique; j’ai donné un concours loyal au » gouvernement ; j’ai voté toutes les tnesu» res utiles et réparatrices, et l’on ne ré» pond à mon abnégation que par un re• doublement de haine. Que l’opinion juge » entre nous ! » Eh bien ! l'arrêt de l’opinion » ne serait pas douteux ! Il répondrait, aux • prochaines élections, en accroissant les » forces de la droite. Comment peut-on être » assez aveugle pour ne pas le prévoir ? » Nous nous contenterons d’appeler sur ces réflexions l’attention de M. Rouvier et des conseillers qui le poussent à donner satis faction aux rancunes haineuses du radica lisme. Et les laïcisations continuent avec un en train qui va chaque jour croissant ! Hier c’était dans le Morbihan, aujourd’hui c'est dans le Finistère que l’administration opère. On verra plus loin avec quel sans façon on y traite les protestations des conseils mu nicipaux. Remarquez que le gouvernement avait encore devant lui un délai de trois ans pour accomplir cette oeuvre néfaste. Evi demment le ministère tient h honneur de prendre pour lui la plus grande partie d’une aussi noble tâche....

À propos

Lancé en 1868, Le Français était un quotidien à la fois catholique et libéral. Tirant à seulement 4 000 exemplaires, son lectorat est toutefois toujours resté très limité. Absorbé par Le Moniteur universel en 1887, le directeur du Français publie néanmoins quelques numéros en indépendant jusqu'en 1898, afin de conserver la propriété du titre.

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