Extrait du journal
Ce n’est qu’à cette condition qu’on es1; bon pour être représentant. Tout repré sentant du peuple, avant de siéger, doit a voit* sa besogne mâchée, ses solutions prises,e ses votes en poche et pour ainsi ciffe écrits d’avance, sur le possible et l’impossible, le prévu et l’imprévu. Tout le temps qu’il siège, il est surveillé. Il ne peut sourire, tousser, lever le verre d’eau sucrée, sans faire froncer le sour cil au comité qui le regarde. Après qu’il a siégé, en effet, il est appelé à la barre du comité, « barre redoutable parce qu’elle est intelligente, » dit sérieuse ment la Constitution; il est interrogé, passé au crible, jugé plus sûrement que par Minos et Riiadamante, morigéné ou loué selon les cas. Quel honneur et quelle solide joie si le citoyen Favier, relieur en ses moments perdus, mais de son état président du Comité central électoral lyonnais, déclare qu’il a bien mérité de la patrie ! Avoir des idées ou des ins tincts d’étude, écouter des arguments, s’éclairer au feu des controverses, s’in cliner devant les faits et les bonnes rai sons, quelle pitié ! quel danger 1 On ne peut plus alors compter sur rien. La science du phoque qu’on montre à la foire dans un grand baquet suffit large ment. Il s’agit de dire au bon moment : Oui, oui; Non, non. — Qu’est-ce que tu fais quand tu dis oui? — Quoi Z — Dis un peu oui, pour voir. — Eh bien ! oui. — Qu’est-çe que tu fais ? — Je fais ce que vous me dites. La réponse est bonne, elle est la meilleure du monde.- Il n’est pas besoin de raisonner, de comprendre, de savoir le fort et le faible, les tenants et les aboutissants des choses. Il faut seule ment montrer une obéissance souple et prompte et voter comme il est pres crit. L’idéal des révolutionnaires serait qu’il se formât un comité par départe ment, avec des ramifications dans les arrondissements, les cantons et les communes. Puis, comme avait lait l’Emoire, on partagerait la France en quatre ou cinq grands commandements, un maréchal du jacobinisme par bassin ; enfin, comme le souverain bien est un, ces cinq comités généraux recevraient 'impulsion et les hautes consignes d’un comité supérieur dirigeant, lequel rap pellerait la junte suprême de l’Interna tionale qui campe à Londres. Ue là partiraient les grands mots d’ordre. C’est là seulement qu’on aurait le secret des beaux principes, des desseins subli mes, des résolutions nécessaires. Del phes, disaient les anciens, est Y ombilic de la- terre. A -Paris siégerait de même e conseil ampliictyonnique de la llévoution. Là battrait le cœur du pays, non aux Tuileries, mais dans une chambre à danser, voisine d’un cabaret. Mais d’où viendraient ces comités et es membres qui les composent ? éma neraient - ils du suffrage universel ? Nenni. Qu’est-il besoin de déranger ainsi le monde? Les comités qui doivent nommer les députés ou, ce qui, dans le pensée des radicaux, revient au même, és désigner aux suffrages des citoyens, ne sont élus par personne ; ils se nom ment eux - mômes et se contentent do faire connaitré, par affiche, qu’ils sont constitués. Une cité serait bien pauvre qui ne contiendrait pas vingt-cinq...
À propos
Lancé en 1868, Le Français était un quotidien à la fois catholique et libéral. Tirant à seulement 4 000 exemplaires, son lectorat est toutefois toujours resté très limité. Absorbé par Le Moniteur universel en 1887, le directeur du Français publie néanmoins quelques numéros en indépendant jusqu'en 1898, afin de conserver la propriété du titre.
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