Extrait du journal
nition et non une leçon pour le gouverne ment de 1808. Une punition, ce fut le commencement de la ruine. Une leçon, c’eût été le commencement de la régénération. C’eût été la conquête de cette force qui manqua toujours au pre mier Empire, la conscience de la faiblesse d’un pouvoir qui ne partage pas sa respon sabilité avec la nation. Les désastres du Mexique et les décep tions denotrepolitique étrangère seront-ils pour le gouvernement de 1868 une puni tion ou une leçon? C’est ce que l’avenir décidera. S’ils sont une punition, que Dieu veille sur la France. S’ils sont une leçon, le prix en est cher; mais nos petits neveux nous remercieront de l’avoir payée, et la campagne du Mexi que ne demeurera pas sans profit pour la race latine, au moins sur le vieux conti nent. Les victoires du gouvernement de 1808 sont demeurées stériles. Pourquoi ne désespérons-nous pas de voir devenir fé conds les échecs du gouvernement de 1868? C’est que les succès du gouvernement de 1808 étaient les succès d’un gouverne ment personnel sans contrôle, Tandis que les échecs du gouvernement de 1868 sont les échecs d’un gouverne ment personne! tempéré par les mœurs d’un peuple qui voudrait être libre. Nous avons rapproché ces deux noms *. la guerre d’Espagne et la campagne du Mexique,—la France en 1808 et la France en 1868. Mais quelles différences entre les deux guerres ! quel abîme entre les deux situa tions politiques ! En 1808, la guerre commençait : quels chefs que Murat, Soult, Masséna, §uchet ! mais la guerre ne devait finir qu’en 1813, et en cinq ans 400,000 hommes devaient être ensevelis dans les vallées de l’Espa gne. En 1868, la guerre du Mexique est ter minée, la liquidation en est faite jusqu’à la dernière obole, et, résultat plus honora ble (pie brillant, nous avons payé même ceux pour le compte desquels nous étions entrés en campagne. Il eut mieux valu commencer par là. Nous avons eu pendant cinq ans des bulletins de victoire, nous avons eu des nominations de maréchaux de France, nous avons eu le discours de M. Corta. Tout cela ressemble à 1808. Mais nous avons eu aussi le spectacle moral de la faute mexicaine s’attachant aux lianes du gouvernement jusqu’à ce qu’il eût donné satisfaction à l’opinion publique; nous avons vu les dépositaires du pou voir accepter courageusement, il faut leur rendre cette justice, l’enquête qui s’est ou verte dans la presse et dans le Parlement, et qui, toujours reprise, jamais terminée, vient encore d’éclater comme une bombe, à la dernière séance de l’une des sessions les plus laborieuses qui aient jamais ras semblé nos députés au palais Bourbon. Tout cela, il faut le dire à l’honneur de la France et de son gouvernement, ne res semble plus à 1808 ni à 1813, et c’est pour cela que la guerre d’Espagne n’a été qu'une punition, tandis que nous espérons que la guerre du Mexique sera une le çon. Nous avons dit qu’il n’y avait pas seu lement une différence profonde entre les deux guerres dent nous avons rappelé les noms, mais qu’il y avait un abîme entre la situation politique de 1808 et celle de 1868. Le gouvernement de 1868 s’est trompé dans ses calculs sur la pondération des forces dans le nord de l’Amérique et dans le Nord de l’Allemagne. Le gouvernement de 1808 se trompait rarement dans ses calculs sur la force de scs adversaires et la cinquième coalition a été suivie de la paix de Vienne. Nous ne sommes ni à la veille de la cinquième coalition ni à la veille de la paix devienne. Mais le gouvernement de 1808 comp tait la liberté parmi ses ennemis. Il ne s'était pas trompé dans ses calculs contre elle. Il y avait (distinction fâcheuse) les hopmies de la parole et les hommes du vote, le Tribunal et le Corps législatif. Les hommes de la parole avaient été congédiés, il ne restait plus dans les grands corps de l’Etat que les hommes du vote. En 1868, dans les grands corps de l’E tat, il y a bien les hommes du vote et ils sont nombreux, mais, à coté d’eux, la jus tice veut que nous le proclamions, il y a les hommes de la parole généreuse et forte. C’est d’eux que le gouvernement peut attendre des leçons. C’est eux qui sont les vrais conserva teurs. En 1868, nous avons encore dans nos ; lois le principe du gouvernement person...
À propos
Lancé en 1868, Le Français était un quotidien à la fois catholique et libéral. Tirant à seulement 4 000 exemplaires, son lectorat est toutefois toujours resté très limité. Absorbé par Le Moniteur universel en 1887, le directeur du Français publie néanmoins quelques numéros en indépendant jusqu'en 1898, afin de conserver la propriété du titre.
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