Extrait du journal

La démission du général Thibaudin ET LA l'RBSSE RADICALE Les journaux radicaux accompagnent des commentaires les plus violents la dé mission de M. le général Thibaudin. On eu pourra juger par les quelques extraits qui suivent : Le Télégraphe : Si l'on se rappelle en quels termes les dépê ches d’hier soir annonçaient la résolution prise par le ministère du roi Alphonse d’adresser au gouvernement de la République une note où seraient formulées les satisfactions exigées de la France ; si l'on parcourt, dans les journaux du matin, l'énoncé de ces revendications ; si l'on considère qu’un certain nombre de nos confrères donnent comme certain le fait de communications diplomatiques transmises à notre chancellerie ; si l’on songe que, dès hier soir, l’ambassadeur d’Espagne se tenait pour satisfait, puisqu'il a accepté pour le soir meme la loge ministérielle à la représentation des Maucrou: au Théâtre Français, ce lamentable soupçon vient à l'esprit : l’Espagne a exigé la démission du général Thibaudin, et le cabinet républicain a consenti. Serait-il vrai que le ministre de la guerre fût révoqué par complaisance pour l’E*pagne t Est-ce donc là ce qu’il nous était donné de voir accomplir par le cabinet « du relève ment » ? L'Evénement : Ce n’est un mystère pour personne que le ministre de la guerre déplorait la continuation et le développement arbitraire de l'expédition tonkinoise ; qu’il avait refusé de s’associer à la méconnaissance des droits du Parlement et à la violation de la constitution ; qu’il était le partisan de la prompte convocation des Cham bres, pour les rendre juges d'un contlit dont le péril va toujours croissant. Uui donc oserait contester ces réserves, ces remontrances de l honorable général Thibaudin ( Désormais, M. Ferry sera débarrassé de ce soldat assez mal avisé pour défendre la constitution contre les attentats d'un ministre civil. .... Mais ce n'est pas là le côté le plus don loureux, le plus blessant de cette retraite du général Thibaudin. Il est autrement triste de penser que, cédant a une bouffée d’orgueil ou entrant de propos délibéré dans une intrigue intérieure, l’Espagne a réclamé le départ du ministre de 1a guerre, qui n’avait pas courbé le front devant le jeune roi espagnol, affublé de l'uniforme de colonel de uhlans. Cette satis faction, le cabinet Ferry n'a pas eu honte «la la donner à l’Espagne. R a fait ce que la brave petite Belgique et la Suisse fiera n'auraient point voulu faire. R a pris celui qui portait notre drapeau à la tète de notre armée et il l'a brisé pour apaiser de puériles récriminations. Singulière manière de comprendre notre dignité nationale et do nous imposer au respect des peuples ! Ce pré tendu cabinet du relèvement n’est donc plus qu’un cabinet de défaillance etdo capitulation f Ah ! l’Europe doit tenir en haute estime le pa triotisme ombrageux de M. Jules Ferry ! La Justice : C est dans une sorte d’intrigue ,1e palais ou plutôt d’antichambre, destinée à escamoter le contrôle parlementaire, que M. Thibaudin a disparu I.a coterie aujourd’hui au pouvoir e*t coutumière du fait. D'autres ministres ont disparu de même, il y a quelques années, sans qu’aucune explication ait jamais été fournie au Parlement. Et c'est ainsi qu’au moment même où ils accusent le Président de la République d'une pression incorrecte sur le gouvernement, eux mêmes exerçaient sur lui une violence ab solmnent coupable. En effet, on lui a forcé la main par une ma nœuvre de démission collective qui compro-...