Extrait du journal

A monsieur le rédacteur du Français. Monsieur, Comme autrefois do Paris, il faut aujourd’hui sortir de Versailles pour se rendre bien compte de ce que dit et pense la province. Quand on en sort, ne fût-ce que pour trois jours, on s’a perçoit vite que l’on a changé d’at mosphère. Hors du milieu où on légi fère, à cinquante kilomètres seulement du centre d’où l’on nous gouverne, fiton lecture quotidienne du Journal offi ciel et de plusieurs autres, on ne com prend rien à ces tiraillements qui nous préoccupent, à ces orages dont on nous menace comme étant toujours près d’éclater entre le Gouvernement et l'Assemblée. Nulle part, dans nos dé partements, on ne croit à ces conflits; nulle part on ne se les explique, et surtout nulle part on n’en veut. Sur ce dernier point, l’opinion publique est dans le vrai; elle fait bien de penser que, pour nous tirer d’embarras, ce n’est pas trop de l’accord des deux pouvoirs, de leur accord complet et constant. Par où l’opinion se trompe, c’est lorsqu’il lui arrive, — et cela se présente quelquefois, — de donner rai son à celui de ces pouvoirs qui a tort, tort à celui qui a raison. Ce n’est point le moment de rechercher si l’un des deux s’est quelquefois trouvé en défaut, ni en quoi peuvent être fondés les griefs dont on se prévaut de part et d’autre. Il est rare que, faites en pu blic, ces sortes d’enquêtes produisent l’apaisement; or, c’est d’apaisement qu’à cette heure nous avons surtout besoin. Espérons que celui-oi finira par s’opé...