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Le Français, 11 juin 1871

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Le Français
11 juin 1871


Extrait du journal

Ainsi que nous l’avions annoncé, les électeurs sont convoqués pour le 2 juillet, L’arrêté a paru ce matin au Journal offi ciel. 114 députés sont à nommer. Par l’ef fet du scrutin de liste, il s’agit de faire aller au scrutin la population entière de 48 départements. Ce sont donc presque des élections générales. C’est, en tout cas, un acte considérable de notre vie politique, un de ceux qui peuvent le plus pour no tre perte comme pour notre salut. L’ennemi que nous redoutons le plus dans les élections, celui contre lequel nous appelons le concours énergique de tous les bons citoyens, — nous l’avions déjà rencontré lors des élections municipa les,1— c’est l’abstention. L’abstention en de semblables circonstances, c’est un vote muet d’abdication ; c’est une sorte d’appel à la dictature; c’est la fin de la liberté et la fin de la France. Combattons donc éner giquement l’abstention. Que chacun ex plique autour de lui à l’électeur parfois un peu fatigué de tant de scrutins, et un peu désabusé de voir que tant de bulletins déposés l’aient aussi peu tiré d’affaire, que chacun explique la raison, la nécessité et l’importance capitale de ce vote. Il y a là toute une campagne à faire, campagne qui nous plaît particulièrement, parce que les honnêtes gens de tous les partis, les libéraux dé tous drapeaux peu vent s’y donner la main. Ne l’oubliez pas, d’ailleurs, monarchistes ou républicains, vos plus grands adversaires ne sont pas ceux qui pensent différemment de vous sur la forme du gouvernement qui convient à l’état actuel de la France; ce sont ceux qui s’abstiennent. Avec cette abdication, vous ne pouvez pas plus fonder une monarchie libérale qu’une république stable. La dic tature seule peut prétendre à l’exploiter. Elle seule peut se fonder sur le décourage ment des âmes, l’abaissement des carac tères et la défaillance des courages. Quant au choix des candidats, nous avons toujours soutenu que c’était l’affaire des électeurs et non celle des journaux. Aujourd’hui, plus que jamais, cette règle de conduite nous parait bonne à suivre. Nous ne pouvons qu’engager les électeurs à se concerter sans tarder, à créer partout des comités et à mener vigoureusement une campagne électorale pour laquelle peu de semaines leur sont laissées. Nous ne pouvons et ne devons être, en semblable matière, que leurs auxiliaires et non leurs guides. Nous espérons que ces élections vien dront renforcer ce grand parti conserva teur libéral, dans lequel nous voyons de plus en plus le parti de gouvernement, de réforme et de salut. C’est lui qui doit me ner à fin l’œuvre de réorganisation que l’Assemblée doit entreprendre, d’après le pacte de Bordeaux. C’est lui qui doit faire, tout en réservant et les convictions indi viduelles et l’avenir que la France voudra se donner, cette épreuve des institutions républicaines dont parlait avant-hier M. Thiers. Ce parti n’est pas encore défini tivement constitué. Mais les éléments sont dans l’Assemblée et dans le pays, et les élections peuvent aider à dégager et à grouper ces éléments. Le gouvernement a convoqué les élec teurs de Paris en même temps que les au tre» électeurs des départements. 11 y a, dans la Seine, 21 députés à nommer. C’est donc la plus importante des élections complémentaires. C’est aussi, peut-être, la plus obscure et la *lus difficile. Si ces élec tions étaient bonnes, si le parti conserva teur-libéral y avait le dessus, ce serait d’un grand effet sur le pays, et cela con tribuerait certainement beaucoup à calmer les agitateurs qui cherchent à parodier, dans nos provinces, les révolutionnaires parisiens. Paris, tout découronné qu’il est, est encore fort pour le bien comme pour le mal. Mais un tel résultat ne peut s’obtenir que si la population honnête de Pans, qui a émigré en masse, revient tout de suite dans ses foyers. Il ne suffit pas de venir entre deux trains de chemin de fer dépo ser à la hâte un bulletin dans Furhe, il faut se mêler à l’action électorale. Aussi adressons-nous un appel pressant à tous les Parisiens quLont quitté Paris. Nous ne voulons pas revenir sur le passé. Nous savons d’ailleurs que les 'responsabilités étaient partagées. Mais si on a pu leur reprocher de ne pas s’être trouvés à leur poste de combat le 18 mars, qu’on ne puisse pas au moins leur reprocher une défaillance électorale dont, cette fois, ils ne pourraient pas jeter la responsabilité sur d’autres....

À propos

Lancé en 1868, Le Français était un quotidien à la fois catholique et libéral. Tirant à seulement 4 000 exemplaires, son lectorat est toutefois toujours resté très limité. Absorbé par Le Moniteur universel en 1887, le directeur du Français publie néanmoins quelques numéros en indépendant jusqu'en 1898, afin de conserver la propriété du titre.

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