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Le Français, 14 novembre 1870

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Le Français
14 novembre 1870


Extrait du journal

La préoccupation de l’armistice continue à compter parmi les plus vives de l’opi nion publique. L'Electeur libre annonçait hier soir que «les pourparlers continuaient,» que « ordre était donné aux forts de ne pas tirer, et que le drapeau parlementaire était toujours hissé sur le pontde Sèvres.» Le Constitutionnel déclarait, au contraire, que « tout était rompu ce matin, » et le Journal officiel a publié une note que nous reproduisons plus loin et qui paraît dé mentir les espérances d’armistice. Il nous semble certain, quant à nous d’une part que les négociations entre Ver sailles et Paris sont rompues, ou tout au moins absolument suspendues, mais d’au tre part que ces négociations se poursui vent plus ou moins actives entre Versail les et les cabinets ouropéens, tout au moins entre Versailles et le cabinet de Saint-Pé tersbourg. Ceux qui connaissent combien est puissant en Russie la répulsion qu’inspire la nationalité allemande ne se sont pas étonnés que Moscou qui avait salué avec tant de faveur le voyage de M. Thiers, se soit irrité à la nouvelle des propositions d’armis tice repoussées par la Prusse. Ceux qui ont suivi le fil de la politique du cabinet de Saint-Pétersbourg depuis trente années peu vent facilement deviner la raison qui nous assure l’appui de la Russie. Encore bien qu’il ne soit pas facile de déterminer d’une façon précise la mesure dans la quelle le*concours de la bonne volonté du gouvernement russe peut nous être assuré, il est permis d’y attacher quelque con fiance. Le temps, qui permet, nous espérons, aux négociations de se poursuivre entre les quatre grandes puissances et Versailles, ajoute tous les jours un argument à la dé fense que nos avocats diplomatiques peu vent présenter de nos intérêts, et chaque jour aussi enlève à nos ennemis une de leurs ressources. M. Thiers, dont le nom est en ce moment présent à toutes les pen sées et dont l’autorité et l’expérience ont assurément quelque poids dans une ques tion d’ordre militaire, a dit quelque part : « La guerre de détail étant celle qui met le plus d'hommes hors de combat, on peut aisément se figurer ce que deviennent bientôt des armées régulières dans une invasion de quelque étendue et de quelque durée (1) ». M. Victor Hugo publiait ce matin, dans le liéveil, un morceau d’une inspiration ardemment patriotique ; il semble au poète que le devoir de Paris serait de se préci piter dans « l’abîme » plutôt que de céder à l’ennemi. Tout en admirant l’énergie des résolutions poétiques de M. Victor Hugo, les hommes politiques trouveront qu’il vaut mieux essayer de remonter peu à peu, et par une suite d’efforts courageux, « l’abîme» dans laquelle la France est tombée. Pas de désespoir tragique, pas de tentative fu rieuse et inconsidérée, mais beaucoup de calme, de patience,et un peu de confiance, et Dieu sait si nous ne recevrons pas bientôt la récompense de notre foi obstinée dans les destinées de la France. Le Gouvernement s’est enfin décidé à user des droits qu’il tient de la loi du 12 août 1870, et à appeler tous les hommes de 25 à 35 ans. Le Journal officiel a pu blié ce matin le décret qui renferme cette mesure....

À propos

Lancé en 1868, Le Français était un quotidien à la fois catholique et libéral. Tirant à seulement 4 000 exemplaires, son lectorat est toutefois toujours resté très limité. Absorbé par Le Moniteur universel en 1887, le directeur du Français publie néanmoins quelques numéros en indépendant jusqu'en 1898, afin de conserver la propriété du titre.

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