Extrait du journal
C’est dans l’espérance que M. Thiers in terviendrait lui-même dans la discussion de l’interpellation Changarnier que les membres du centre gauche demandent que la nomination de la commission de l'A dresse soit renvoyée après cette discussion. Il est possible que cet ajournement soit voté, c’est en effet l’opinion d’une grande partie du centre droit. Dans les divers groupes de la majorité, l’idée qui domine de plus en plus est de se placer uniquement sur le terrain conser vateur, quand il s’agira de nommer la commission chargée d’examiner le Message. Quelques-uns voudraient, sans doute, éta blir la lutte entre la Monarchie et la République : c’est ce que désireraient vi vement les journaux de gauche; mais les esprits politiques et patriotes de la majorité se garderont de tomber dans le piège. On croit généralement que le premier acte de la commision sera de déclarer qu’il s’agit d’examiner le Message, mais non d’y répondre par une Adresse. On fait une Adresse à un souverain, mais non à un pouvoir délégué de l’Assemblée. M. Grévy, qui avait poussé beaucoup à la campagne constitutionnelle, à l’union des centres et à la rupture avec les radicaux, est aussi fort désappointé de l’effet produit par le Message. On se demande comment M. Thiers a pu ainsi sacrifier la campagne qu’il avait d’abord entreprise et fait entreprendre par ses amis du centre gauche. Serait-ce que M. Gambetta avait opposé son veto ? Com ment croire que M. Thiers s’incline ainsi devant les ordres de M. Gambetta ? Et, d’autre part, quelle autre raison donner à sa conduite ? Quelques personnes, cherchant à deviner quelle peut être la pensée de M. Thiers et le secret de son langage imprévu, don nent cette explication : M. Thiers, disentelles, avait d’abord songé à s’appuyer sur l’Assemblée contre les radicaux. Mais il aurait fallu pour cela se brouiller avec ceux-ci et affronter une lutte violente. Il renonce donc à se servir de l’Assemblée et, pour se ménager un point d'appui con tre les radicaux dans l’avenir et surtout obtenir la prorogation de pouvoir, qui est son désir principal, il la demandera au pays lui-même et se fera nommer par des électeurs de second degré, comme le pré sident américain. De là, ces phrases sur la « majorité du pays » opposée à la majorité de la Chambre. Voilà ce que l’on dit, et ce qui pourrait,assure-t-on,s’in duire de certaines conversations de M. Thiers. Toutefois, nous ne pouvons croire qu’un esprit perspicace et patriote puisse songer sérieusement à lancer un pays ma lade, ébranlé, dans de si effroyables aven tures....
À propos
Lancé en 1868, Le Français était un quotidien à la fois catholique et libéral. Tirant à seulement 4 000 exemplaires, son lectorat est toutefois toujours resté très limité. Absorbé par Le Moniteur universel en 1887, le directeur du Français publie néanmoins quelques numéros en indépendant jusqu'en 1898, afin de conserver la propriété du titre.
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