Extrait du journal

pensée aussi nets, aussi précis que les mer veilles des civilisations passées? Je m’en étonnais moi-même, et j’en cher chais la cause, lorsque je l’ai trouvée dans le livre de M. Ampère, qui n’est pas seule ment un savant, mais qui est aussi un poè te et un philosophe. « Ce sont les jours perdus, dit-il, qui « comptent quelquefois le plus dans les sou« venirs que laisse un voyage; si l’on ne « faisait que passer et étudier, 011 ne garde« rail aucune impression des lieux. Il faut « des jours vides d’action pour qu’ils puis« sent être remplis d’images. » En effet, on peut étudier en France et à Paris ; on peut lire les inscriptions et dé chiffrer les hiéroglyphes dans le fauteuil de son cabinet ; mais ce qu’on ne saurait trouver ailleurs, ce sont les palmiers, les fellahines, les villages du Nil; ce sont ces tableaux lumineux de l’Orient, ces char mantes scènes de la Bible; cest cette terre et ce soleil, c’est l’Egypte enfin avec son prestige et ses souvenirs. Comment ferais-je pour ne pas t’en parler ? * * * •Lundi. 13 mars. La chaleur augmente de jour enjour; au jourd’hui à une heure, 57 degrés au soleil.— Bain délicieux en dépit des crocodiles. — Je poursuis à la nage une oie blessée et je parviens à la saisir au moment où tous les matelots se jettent successivement à l’eau pour la cerner. Elle avait le dos d’un jaune foncé, les ailes blanches avec les extrémité» noires. Au feul au feu!—C’était après diner. Nous savourions paisiblement notre calé sur notre...