Extrait du journal
nes, s’attache à tout ce que ces moines ont délesté, à tout ce qu’ils veulent flétrir pour se réhabiliter : et c’est ainsi que La Chalotais, exécuteur d’une loi d’intolérance, devient presque le patron des défenseurs de la tolérance. Une autre inconséquence curieuse dans ce procès, et qui a aussi de fort bonnes raisons, c’est la position de lu famille. En Bretagne, celte famille, depuis 1787 a servi avec obsti nation la cause du privilège; ses espérances ne diffèrent pas beaucoup des espérances des rédacteurs de Y Etoile ; ni si ceuxci ne se hâtaient pas si vite de revendiquer la suprématie de l’aube blanche et de la croix pastorale sur la robe rouge et sur l’épée du gentilhomme ; s’ils n’avaient pas celte bruta lité de clercs parvenus contre de hauts seigneurs qui veulent bien recevoir la bénédiction de leurs valets de ferme, mais non pas en recevoir dns réprimandes et des leçons, lu famille de La Chalotais pardonnerait aux jésuites, comme tant de fa milles bien autrement illustres ; elle continuerait de mar cher avec eux, comme elle a marché depuis trente-six ans. Mais cette famille n’a qu’un titre de popularité en Bretagne ; c’est le nom de son aïeul. Là, villes et campagnes, nobles ou plébéiens, parlementaires ou chefs des communes, royalistes ou républicains, tous ont béni, adopté sa mémoire; il a été re gardé par tous comme le dernier défenseur de l’indépendance nationale; carcctte Bretagne se sentira long-tempsencore une nation dans la France, et pour que cet orgueil filial de la vieille race celtique ne soit plus qu’un souvenir ou un rêve, il faut tous les biens de la liberté, toute la douceur de celte communauté française dont la révolution nous a fait goûter lus fruits. Ce n’est pas l'auteur des comptes rendus que nous chérissons en Bretagne: c’est l’ennemi de d’Aiguillon; c’est le prisonnier d’état de Saint-Malo; c’est le chef de notre ma gistrature exilée, rentrant victorieuse des intrigues de Paris dans les salles de notre palais. En outrageant un tel homme, jes ignorants jésuites de YEloile ont soulevé toute la pro vince; les yeux se sont tournés vers ses descendants ; sous peine de démérite, ils ne pouvaient se taire : et d’autre part ils se mettaient en opposition avec leurs amis; ils venaient donner des armes à leurs ennemis. La position, en apparence difficile, n’eût guère embarrassé un partisan de la liberté ; la. presse l’outrageait, il eût répondu par la presse. Mais avec les idées de puissance et d’inviolabilité nobiliaire, avec la persuasion intime que la loi doit garder la mémoigg des hommes publics comme elle consacre leur personne ; avec lus souvenirs d’une législation abolie et les rêves de son ré tablissement, ils ont été naturellement amenés à faire un éclat devant les tribunaux. Ils ont reu>1s les jésuites et les parlements en scène ; et voilà, grâ^e à leur inhabileté, en core une question de l’autre siècle agiléq sous nos yeux avec toute l’étrangeté de ses principes et de ses contradictions à...
À propos
Fondé en 1824 par Pierre Leroux (1797-1871) et Paul-François Dubois (1793-1874), Le Globe a traversé plusieurs phases très distinctes : de publication strictement littéraire, la rédaction – regroupant plusieurs universitaires – s’est peu à peu intéressé à la politique et à l’économie, via le saint-simonisme.
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