Extrait du journal

SUSPENSION DE LA CENSURE. Lorsqu’il y a quatre ans la liberté de la presse nous fut donnée comme grâce de joyeux avenement, la France voulut bien oublier qu’on lui rendait ce qui lui apparte nait, et elle remercia par des acclamations de bonheur et d'espérance. Aujourd’hui, elle se dispense des remercie ments , et elle a raison ; car elle ne doit rien qu’a la néces sité. Tout ce qui a été humainement possible pour lui ra vir son droit, on l’a fait; tout ce qui sera possible pour le lui ravir encore dans quelques jours, on le fera. Cette triste conviction pèse sur tous les cœurs ; elle y ex cite la colère ; et pour nous, au moins aujourd’hui, il nous serait difficile de trouver des paroles modérées. Laissons donc à nos amis enrôlés sous les drapeaux poli tiques et aux journaux indépendants qui ont continué si noblement d’écrire et de combattre, laissons-leur le soin de discuter les actes qui nous blessent, de pousser aux co mices tous les citoyens , de les instruire sur la brèche à la vie politique, et de faire retentir partout ce cri devenu populaire : Aide-toi , le ciel t’aidera. Pour nous, nous nous servirons de la liberté qu’on nous jette comme nous avons toujours fait. Nous recueillerons nos forces pour rester justes et calmes, pour nous conserver le cœur et l’esprit libres ; nous ferons effort sur nous-mêmes , nous rappelant que c’est du travail et des études que nous de vons au pays, que la science, à nous jeunes hommes loin encore des affaires, est surtout notre patriotisme, et que, •i nous savons nous préparer et nous fortifier par la vérité, nous arriverons enfin au combat plus habiles et plus sûrs de la victoire....