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Le Globe, 11 décembre 1831

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Le Globe
11 décembre 1831


Extrait du journal

Nous espérions que la chambre aurait repoussé le don de 46 mil lions que M. Louis a offert à tous les propriétaires de France. Nous pensions qu’elle aurait cru de sa dignité de voter le maintien des 00 centimes additionnels, à raison delà position fausse dans laquelle la qualité de proprietaire plaçait tous ses membres ; indépendamment de ce motif qui a bien sa valeur, nous aimions à croire qu’un sentiment d'humanité la guiderait dans une circonstance grave, lorsque le peuple, dévoré par la misère, témoigne par la révolte ses horribles souffrances. Nous nous sommes trompés. Cependant il faut dire que du sein de In chambre se sont élevées des réclamations et des pro testations généreuses ; la cause des masses laborieuses a trouvé de chauds défenseurs. Grâces soient rendues à MM. d’Argenson, Ilavin, Glais-Bizoin et de Tracv, ils ont bien mérité de la classe la plus nom breuse et la plus pauvre. Peut-être même leurs efforts auraient-ils été couronnés de succès si M. Ch. Dupin ne fût venu aussitôt rassurer les consciences les plus timorées, en demandant, au nom du peuple , lu suppression de l’impôt additionnel. Au nom du peuple ! impitoyable statisticien ; au nom du peuple! jamais il ne fut permis de faire un abus aussi étrange de la faculté de la parole. Il a cherché réellement, sérieusement à prouver, à la satisfaction du plus grand nombre (dans la chambre bien entendu ), que le peuple paierait le pain plus cher si on maintenait les 3o centimes additionnels !... Voilà de singulières leçons d’économie politique <|ue MM. Dupin frères donnent à la France. Nous disons MM. Dupin frères, car en tre eux il y a une touchante solidarité de doctrine. Tantôt ce sont les vices des riches (pii font aller le co.nmerce, tantôt c’est la diminu tion de l’impôt direct qui est avantageuse au peuple. Où s’arrête ront ces messieurs? Nous serions curieux de connaître la limite qu’ils posent à l’application de leurs principes. Voudraient-ils, par phi lantropie. par amour pour les ouvriers dont ils se disent les pères, débarrasser les propriétaires de toutes charges et doubler le budget, afin qu’on pût augmenter la consommation des fonctionnaires? Eu suivant leurs théories, nous répondons bien qu’on n’arriverait pas à la loi agraire qu’ils nous ont accusés de désirer; mais on arrive rait directement nu rétablissement de l'esclavage, à l’exploitation la plus brutale des masses au profit d’une minorité oisive. M. Dupin a calculé ce (pic représentait par tête pour chaque indi vidu l’impôt du sel, afin de faire voir le peu d’importance d’une di minution dans cette branche de revenu public ; nous l’engageons , nous, à faire un autre calcul qui n'est pas moins intéressant que le premier, à savoir ce que consomment, en moyenne, chaque proprié taire oisif et chaque travailleur des classes inférieures. Il puise rait dans ce calcul comparatif d’utiles enseignements. Nous ne nous amuserons pas à discuter une semblable théorie. Et, en vérité, nous ne savons pas ce qui doit nous ctouner le plus, ou du raisonnement de M. Dupin, ou de la manière dont la chambre a accueilli des paroles qui attestent une grande ignorance des plus simples lois de l’économie politique, ou une indifférence complète sur les douleurs auxquelles les masses sont en proie. La chambre suit une marche funeste; notre devoir est de l’en...

À propos

Fondé en 1824 par Pierre Leroux (1797-1871) et Paul-François Dubois (1793-1874), Le Globe a traversé plusieurs phases très distinctes : de publication strictement littéraire, la rédaction – regroupant plusieurs universitaires – s’est peu à peu intéressé à la politique et à l’économie, via le saint-simonisme.

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