Extrait du journal
FRANCE. ACADÉMIE FRANÇAISE. Réception de M. de Montmorency. Jamais séance académique n’a va il inspiré une curiosité si vive, à pari toute intention de malignité.Trois orateurs de vaient se faire entendre, qui représentent en effet les trois grandes opinions du temps : L’un, mêlé trop tôt peut-être, comme il l’a dit lui-même avec une expression de repentir, aux débats politiques, jadis élève ardent de Sieyes et d’un père qui combattit sous les drapeaux de la jeune Amérique à côté de Lafayelte, maintenant pnfet de congrégation, et collègue des confesseurs du siècle, prêtant à des intrigues de secte l’appui de ses douces vertus,et, par une faveur singu lière, chargé des destinées de notre avenir, si l’avenir d’une nation pouvait du nos jours reposer sur la tête d’un enfant royal ; En opposition avec ce représentant du passé, un homme d’état habile, philosophe sincère et ferme, disciple fidèle du dix-huitième siècle, partageant les espérances du dix-neu vième, et marchant sans regret dans la route du perfection nement ; Entre deux le plus beau génie de notre fige, espèce de médiateur incertain entre les rêves de son imagination et les convictions de sa raison, amoureux du passé par orgueil, et par orgueil encore passionné pour le présent, esprit mal heureux, ni tout-à-fuit chevalier, ni toul-à-fait tribun, qui ne peut remplir sa double vocation, et s’épuise en vains efforts pour faire accepter à la philosophie les croyances de l’ancien régime, et à l’ancien régime les libertés de la phi losophie. Ni l’un ni l’autre de ces trois hommes n’a manqué à la mission que cette cérémonie lui imposait. Après trois mois de souffrances d’amour-propre, M. de Montmorency était aguerri contre l’aveu qu’il avait à faire de l’absence de titres littéraires ; entouré des dames dont sa piété active est habi tuée à gouverner la bienfaisance , des chefs d’un clergé dont il sert la puissance, et îles lettrés qu’il veut conveitir, il était tout simple qu’il regardât le fauteuil académique comme une chaire. L’éloge de son prédécesseur ne lui a servi que d’exorde ; et nous avons eu ce que nous devions attendre, une mercuriale religieuse, écrite du reste avec noblesse, douceur et urbanité. Une conviction sincère animait les pa roles de l’orateur; et si ses éloges un peu vieux et un peu fades de toutes les gloires et de toutes les vertus du grand siècle ont causé quelque ennui, de temps en temps des traits touchants et délicats ont obtenu grâce pour ce sermon , auquel il n’a manqué que les honneurs de la quête. Célébrer...
À propos
Fondé en 1824 par Pierre Leroux (1797-1871) et Paul-François Dubois (1793-1874), Le Globe a traversé plusieurs phases très distinctes : de publication strictement littéraire, la rédaction – regroupant plusieurs universitaires – s’est peu à peu intéressé à la politique et à l’économie, via le saint-simonisme.
En savoir plus Données de classification - de montmorency
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