Extrait du journal
Quand on a connu à Paris le résultat des élections départementales, la presse monarchique et le Soleil en particulier ont exprimé leur consternation dans les termes les plus curieux. Nous y avons fait hier une courte allusion : il est important d’y revenir. Le Soleil disait : « Nous avons éprouvé un échec plus rude que nous ne le pensions... Dans un an, nous aurons les élections législatives ; si nous demeurons dans l’état où nous sommes aujourd’hui, nous devons nous attendre à une défaite encore plus complète que celle que nous venons de subir. » Le journal orléaniste ajoutait : « Pou vons-nous d’ici là modifier notre situation de manière à nous trouver en mesure de lutter dans de meilleures conditions ? On affirme que non, et cela est peut-être bien vrai... Dans ce cas nous pouvons renoncer à toute action politique... Nous voilà condamnés à quinze ou vingt ans d’impuissance... » Le Soleil croyait faire preuve de géné rosité, en avouant si largement sa défaite. Il se croyait sincère jusqu’à l’excès. Il s’excusait auprès de ses amis. Ce n’était pas la peine ; il n’était que modeste en parlant d’une condamnatidh à quinze ou vingt ans d’impuissance. Il fallait dire : impuissance éternelle et définitive. Si les partis monarchiques de meurent dans l’état où ils sont et si la République se maintient dans les voies de la sagesse où elle est depuis dix ans, le Soleil nepeut vraiment marquer aucun terme à ses revers et à nos succès. Mais les partis monarchiques n’acccptent pas encore avec une résignation ab solue l’état pitoyable dans lequel ils se voient. Ils veulent s’efforcer d’en sortir. Ils se proposent de tout faire pour rendre d’ici aux élections législatives quelques chances nouvelles à la solution monarchi que. Nos lecteurs savent déjà quel est leur plan ; il se résume en un mot : réta blir Y Union liberale. Rallier de toutes parts les forces légitimistes, orléanistes et bonapartistes sur un terrain commun qui n’appartienne en propre à aucun de ces trois partis ; réunir des soldats de toutes couleurs et de toutes armes dans un camp qui n’aura point de drapeau ; et tous ensemble, dans cette confusion inex primable, marcher une dernière fois à l’assaut de la République, en criant : Union libérale ! Union libérale ! Voilà le dernier projet et la supiéme ressource ! Hélas ! elle n’est ni originale, ni nou velle. Nous ne dirons pas seulement que voilà dix ans, mais voilà plus de vingt ans que les orléanistes et les légitimistes s’efforcent de reconquérir le pouvoir au moyen de cette vieille machine usée et inoffensivc qu’ils ont appelée l’Union libé rale. Ils ont fait d’abord l’Union libérale contre l’empire, et contre l’empire, il est vrai, l’Union libérale n’était pas un vain mot. On n’était pas mal venu à réclamer, " à revendiquer sous l’empire les libertés nécessaires. Cependant le jeu n’a profité ni aux orléanistes, ni aux légitimistes. Quand le pays a compris qu’il était temps enfin de reconquérir sa liberté et sa sou veraineté, c’est la République qu’il a choisie pour la réalisation de cette poli tique nationale. Aujourd hui on veut recommencer les essais d’union libérale, non plus contre l’empire, mais contre la République qui a été acclamée par le suffrage universel comme le gouvernement nécessaire et naturel de la liberté moderne. Cette seule observation suffit à faire comprendre l’inefficacité complète du plan adopté par les anciens partis. Ils ne feront pas pren dre le change au suffrage universel. Ja mais ils ne persuaderont au pays que l’union libérale est formée par eux, légi timistes, orléanistes et bonapartistes. S'il y a aujourd’hui une union libérale, c’est l'union de tous les groupes du grand parti républicain et démocratique sous le dra peau de la souveraineté nationale. L’u nion libérale est là désormais, elle ne peut pas être ailleurs. La France a compris cette vérité avec un admirable instinct dans les luttes du 24 mai et surtout du 16 mai. A ces deux moments de notre histoire, quelle a été la prétention des partis monarchiques, si ce n’est de se faire passer pour la vérita ble union libérale des temps modernes ? Mais le pays a répondu : Non ! vous n’êtes pas l’union libérale ! L’union libérale, c’est le parti républicain de toutes nuan ces ! L’union libérale, c’est les 363! Et je pays a donné la victoire aux 363 ! Vous voulez revenir aujourd’hui à cette tactique déjàtrois et quatre fois condamnée par les résultats de la bataille et toujours désastreuse pour vous ? Votre sort est réglé d’avance ; vos destins sont fixés d’une manière irrévocable. Vous serez écrasés comme au 24 mai, comme au 16 mai, comme vous l’avez été ces jours-ci, au l,r août. Vous serez écrasés, parce que votre union est impossible, parce que vous n’avez pas de gouvernement, parce que vous pouvez peut-être vous accorder un moment pour détruire, mais non pour...
À propos
Fondé par Adolphe Coste en 1871, Le Globe était un journal républicain qui se donnait pour mission d’« instruire son lectorat », et de lui apprendre à tirer le meilleur de la nouvelle situation politique en France après l’Empire – souvent d’un point de vue économique. Ce journal ouvertement cynique sera publié jusqu'en 1938.
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