Extrait du journal

l’exemple du père. Que l’ouvrier soit religieux, qu’il n’aille pas au cabaret, qu’il honore le travail, et l’éducation de son fils sera ce qu’elle doit être. Quant à l’instruction, est-ce que celle des écoles primaires qui est à la portée de tout le monde n’est pas suffisante? L’ouvrier veut-il que son fils apprenne le latin ou le grec? Hélas ! nous avons assez de bourgeois demi-littérateurs et demi-savans, sans que nous avons encore des ouvriers barbouil lés de grec, de latin et de philosophie allemande ou écossaise. Reste l’organisation du travail. Les ouvriers de Y Atelier décla rent qu’ils ne veulent pas qu’on touéhe à la propriété. Parle temps qui court, c’est une déclaration qui les distingue de beau coup de réformateurs. Ils respectent la religion, la famille, la propriété. Il y a bien des conservateurs qui n’en veulent pas da vantage, et qui leur tendraient la main, en leur disant : Frères. Les ouvriers de Y Atelier veulent que les non-propriétaires arri vent à la propriété par l’association. Voici, disent-ils, le problème à résoudre : « Faire arriver à la propriété tous les non- propriétaires, sans toucher au bien des propriétaires actuels, et sans avoir recours à aucune des institutions qu'a fondées ou prônées la charité bâtarde do la philantropie moderne. » Le problème, pour nous, offre au premier abord quelques difficultés ; mais nous n’avons pas besoin de pâlir sur lui : il est déjà résolu ; bien mieux, la solution est déjà appliquée ; les ouvriers de Y Atelier nous le disent, du moins : <( Eh bien! ce problème est résolu, non pas seulement on théorie, il est résolu en pratique;car les ouvriers de i'Atelier ne sont pas des rêveurs; ils ne se sont attachés qu’aux réformes possibles, acceptables par tout le monde, excepté cependant par cette espece de bornes ventrues que l’é goïsme aveugle, et par cette autre espèce de malheureux travailleurs qui a donné tête baissée dans l’utopie du paradis retrouvé. L’Atelier peut dire qu’il a une théorie complète de l’organisation du travail, et que cette théorie, mise en pratique depuis longtemps déjà, a produit les plus heu-, reux résultats : c’est l’association dans le travail. Il a proposé en outre des moyens transitoires, des moyens de concilier l’intérêt du maître et celui de l’ouvrier, par une organisation nouvelle des conseils de prud’hommes; cette idée, mise à exécution dans la première de» in dustries parisiennes, y porte les meilleurs fruits. » Mais qui est-ce donc qui empêche que cette idée ne soit mise en pratique dans toutes les industries parisiennes,puisqu’elle l’est dans une. Il n’y a pas, que nous sachions, d’industries pri vilégiées ; nous ne connaissons pas l’organisation dont il s’agit, mais nous parierions, sans courir grand risque de perdre, que cette association n’accepte ni les paresseux, ni les débauchés, ni les incapables, que cette association est celle du travail, de l’or dre, de l’intelligence. Nous n’avons cessé de la recommander, celle-là, et de dire qu’on n’avait pas besoin du gouvernement pour l’établir; la preuve, c’est que les ouvriers de Y Atelier nous déclarent qu’elle est déjà réalisée et mise en pratique par quel ques-uns. Les ouvriers veulent des droits politiques et une instruction plus soignée ; ils se plaignent de l’insuffisance des salaires, du dé faut d’organisation du travail. Eh bien, les ouvriers vont nous apprendre eux-mêmes ce qu’ils feraient des droits politiques et d'une instruction plus soignée; ils vont nous révéler aussi le...