Extrait du journal
Elle se mit à rire comme une folié, puis elle alla à son secrétaire, l’ouvrit, en tira une lettre qu’elle me remit, et me dit de la lire. Les deux poulets étaient de la même écriture ; voici cc que contenait ce der nier : « Ma chère **% « Je viens d’apprendre que M. Dartois était dans l’intention de réen gager Flore. Conçois-tu cette idée ? Elle va prendre tes rôles. Je ne joue pas son emploi, cela me serait égal, pour moi; mais elle va faire ses farces à côté de nous, faire rire le public et tuer nos effets. « Si, par ton influence, ou par celle des personnes qui en ont sur M. Dartois, tu pouvais empêcher qu’il fit celle boulette, tu mériterais des couronnes. « Intrigue donc un peu pour la démonétiser, cette chère camarade ; si je puis faire quelque chose de mon côté, tu peux être sûre que je no me gênerai pas pour la travailler comme il faut. — Brûle ma lettre. « Ton amie, *** Si la chère camarade, auteur de cette lettre, lit ces Mémoires, elle verra que je la connaissais, et que j’ai eu la discrétion do ne jamais lui témoigner le moindre ressentiment. Je quittai sans regret mon logement de la rue Monsieur-le-Prince, pour revenir dans le quartier des Variétés, et je pris un joli petit appar iement rue du Faubourg-Montmartre. Là je trouvais un grand plaisir dans la société d’un voisin, d’un hom me jeune encore, qui était employé au ministère de la marine : c’était pour moi une chose nouvelle, que cette liaison toute amicale, je pourrais dire fraternelle. Il y a des gens qui prétendent qu’entre un homme et une femme, l’aimlié’cst le prête-nom de l’amour. C est une grande erreur. Le< deux sentimens sont bien distincts et bien différons 1 un de 1 autre. 11 est telle personne dont les qualités nous attachent, pour lesquelles on a de l’estime, je dirai même du respect. On est heureuse d’avoir pour ami tel homme qu’on serait bien fâchée d’avoir pour amant. AI. Beaulieu, mon voisin, ne me demandait pas antre chose que mon amitié; sa conversation était toujours spirituelle et très variée ; j’étais tout étonn e, auprès de lui. de m’instruire sans m’en douter. Un jour, une de mes amies, voyant la sympathie qui nous unissait, lui demanda s’il n avait pas 1 intention du resserrer ces nœuds de ma nière ii ne plus pouvoir les briser:—Non,dit-il,et en voici la raison : Un honino d’esprit et do mérite, très connu, passait toutes ses soirées...
À propos
Le Globe était un quotidien guizotiste dirigé par Adolphe Granier de Cassagnac, partisan d’une monarchie tempérée par une Constitution et deux chambres. Journal politique défenseur de la Monarchie de Juillet et du suffrage censitaire, il fut publié de 1837 jusqu’à 1845. Cette tribune politique orléaniste sombra peu avant la chute de Guizot, trois ans avant la Révolution de 1848 et la fin de la Monarchie en France.
En savoir plus Données de classification - guizot
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