Extrait du journal
Inefficace, d’abord. L’argument était aussi facile à prévoir qu’il est facile à ré sumer. On s’attaque à une institution familière entre toutes avec les faux-fuyants et plus féconde qu’aucune autre en moyens d’éluder la loi. Le seul fait de son existence n’en est-il pas une preuve suffisante ? Les jésuites n’ont pas droit de cité en France. Ils y vivent pourtant,et,si on ne les en a pas jusqu’ici empêchés, ce n’est pas qu’on n’en ait eu l’idée, c’est sans doute que les moyens n’ont pas paru d’une application facile. Or, si,comme le remarque justement Mr. Jules Simon, le texte de loi proposé à l’approbation du Sénat a pour premier défaut de reconnaître, au moins en fait, l’existence de la congrégation dont il arti cule le nom, comment fera-t-on pour empêcher d’enseigner en France des gens qu’on ne peut même pas empêcher d’y vivre? Si l’habit ne fait pas le moine, il fait encore moins le jésuite. Ou change de nom comme d’habit. Et il sera bien diffi cile d’interdire l’enseignement à des jésuites qui ne seront plus jésuites pour personne, excepté pour eux et leurs amis, ce qui vraisemblablement leur suffira. N "est-ce pas le cas de répéter avec Mr. Jules Simon la formule qui termine tous les passages de son rapport relatifs à cette question d’efficacité : Qu’y aurezvous gagné ? Ce qu’on y aura gagné, nous ne le voyons pas, nous voyons mieux ce qu’on y aura perdu. C’est ici qu'avec Mr. Jules Simon nous nous dégageons volontiers de ces considérations pratiques forcément inférieures et essentiellement négligeables dans une question où se trouvent avant tout intéressés les principes fondamen taux du droit public et de la liberté. Voilà en effet le vrai, le seul problème, devant lequel s’effacent tous les autres. Y a-t-il un droit qui n’est pas le droit de tous? une égalité qui n’est pas l’égalité pour tous ? une liberté qui n est pas la liberté de tous? Poser cette question à la France, n’estce pas lui demander s’il lui plaît de renier son passé, de renoncer à être ce qu’elle a été jusqu'à ce jour, la patrie du droit, de l’égalité et de la liberté ? Et quand c’est au nom de cette même liberté qu’on vient lui poser une telle question, ne s-’exposet-on pas à ce qu’elle réponde qu’on lui parle là de choses qu’on 11e connaît pas,ou que I on connaît mal, ce qui revient au même? qu’elle n'entend pas ce que c’est qu’un droit, une égalité, une liberté qui admettent des restrictions et des exclu sions? qu’enfin elle ne comprend pas ce que peuventétro, dans un Etat libéral et démo cratique, une raison d’Etat qui n’est pas la raison, un libéralisme dont les intérêts sont incompatibles avec une définition exacte et une application sincère de la...
À propos
Fondé par Adolphe Coste en 1871, Le Globe était un journal républicain qui se donnait pour mission d’« instruire son lectorat », et de lui apprendre à tirer le meilleur de la nouvelle situation politique en France après l’Empire – souvent d’un point de vue économique. Ce journal ouvertement cynique sera publié jusqu'en 1938.
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