Extrait du journal

FRANCE. Paris, 21 novembre 1827. Au milieu de nos paisibles études, nous ne pouvons nous dérober aux inquiétudes et à l’horreur qui depuis deux jours ont saisi tous les cœurs honnêtes. Le sang des citoyens a coulé! une sorte de guerre civile est engagée dans le quartier le plus commerçant et le plus populeux delà capitale !... D’un côte, ce sont d^?s troupes qui arrivent trop tard après des provocations laissées long-temps im punies, après que des barricades sont paisiblement con struites; de l’autre, ce sont des citoyens curieux ou passa gers surpris et pressés malgré eux, sans issues, entre les barricades et la mort. Nous le demandons aux hommes chargés de veiller à notre sûreté, quelle idée veulent-ils que nous prenions d’eux? comment se défendre de fu nestes soupçons? Quoi! jusqu’à dix heures et demi du soir, on verra de sang-froid des hordes de mauvais su jets courir les rues avec des torches, faire entendre des cris séditieux, et violer le domicile des citoyens? on lais sera sans la moindre opposition des groupes se former par inquiétude, par curiosité, par nécessité même ? on aura pendant tout ce temps là des camps établis autour des Tuileries, au Châtelet, à la place Vendôme, sans qu’on se croie la force d’empêcher les rassemblements ? et puis tout-à-coup, quand la nuit sera plus profonde, quand il ne sera plus possible de distinguer les provoca teurs d’avec les gens paisibles, on battra deux ou trois fois la caisse, on entrera au pas de charge dans les rues en combrées de palissades, on sabrera, on fera feu au ha sard! que dis-je, au hasard! on visera sur les citoyens ?[ue le désordre amène à leurs fenêtres ; des enfants seront rappés à côté de leurs mères! Puis le lendemain on fera des appels aux électeurs des collèges des départements; des écrivains sans conscience et sans dignité demanderont pour ainsi dire, comme prix du sang versé, ce qu ils appel lent des députés royalistes! Sans doute nous n’avons pas le droit de tirer de là toutes les conséquences qui se pré-...