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Le Globe, 25 février 1826

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Le Globe
25 février 1826


Extrait du journal

FRANCE. DES MANDEMENTS ET DES SERMONS POUR LE JUBILÉ. * ( 1er ARTICLE. ) L’église catholique se plaint île la liberté de la presse ; du haut de la chaire de Rome , le souverain pontife la dénonce; les prélats se lamentent dans leurs mandements ; les simples ministres tonnent dans leurs prédications. Il n’y a rien là qui doive étonner; et les sectes religieuses et philosophiques qui voudraient réprimer de telles plaintes, ou ne comprennent pas le génie du catholicisme, ou comprennent moins encore la liberté qu’elles réclament pour elles-mêmes. Pourquoi, en effet, si des livres contraires à la foi de son église, ou selon lui immoraux et funestes, sont répandus dans le monde , le pasteur suprême n’aurait-il pas droit de prévenir ses fidèles, d’animer leur zèle et leur indignation pour préserver leur cœur et maintenir leur obéissance ? Ce que fait chaque jour la philosophie par ses livres, le pape le fait par lettres de chancellerie, comme les consistoires et les associations bibliques protestantes parleurs avis et leurs correspondances. Il 11’y a donc là qu’un droit légitime. Mal heureusement une vieille habitude de gouvernement, des souvenirs politiques se mêlent à l’exercice de ce droit sacré : le catholicisme ne peut se résoudre à abdiquer celle autorité temporelle qu’il exerce depuis quatorze cents ans ; il lui semble que tous les pouvoirs politiques doivent s’armer pour sa défense; et, méconnaissant l’état du monde, mécon naissant la véritable puissance qui lui reste encore , il sort de la voie de persuasion pour faire appel à la force. Ceci est une grave erreur; c’est une atteinte au droit d’au trui ; c’est une provocation à la violation de la liberté pro mise à tous ; provocation insensée, qui n’est dans les catholiques qu’une inconséquence malheureuse de leurs principes, mais qui, si elle était écoutée par les gouverne ments, deviendrait alors un crime, et replacerait le catho licisme et lus gouvernements ses complices dans cet état d’hostilité à la liberté religieuse où les surprit la révolution française. C’est à eux de songer quel profil leur en est revenu. Déjà même, ils peuvent s’en apercevoir; les inimitiés re naissent, le langage reprend de plus eu plus chaque jour l’aigreur des vieilles querelles ; on range les prêtres et les rois en bataille devant les nations. En vain, pour se dissi muler leurs propres fautes , les catholiques répètent que c’est l’œuvre seule de la philosophie ; celle-ci ne fait que se défendre; ce sont les attaques dont elle est l’objet, et l’op pression qu’on lui prépare, qui l’irritent et la ramènent au combat avec ses vieilles armes. Contente de la liberté , heu reuse de suivre eu paix ses inévitables progrès, elle demande...

À propos

Fondé en 1824 par Pierre Leroux (1797-1871) et Paul-François Dubois (1793-1874), Le Globe a traversé plusieurs phases très distinctes : de publication strictement littéraire, la rédaction – regroupant plusieurs universitaires – s’est peu à peu intéressé à la politique et à l’économie, via le saint-simonisme.

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