Extrait du journal

CHRONIQUE LA ROUTE DE QUARANTE SOUS On v a bien loin,quand on a beaucoup de temps à perdre et beaucoup d’argent à dépenser. On fait provision de baga ges, étalage d'équipements pour toute altitude, d’ustensiles pour tout usage ; on s’entraîne; ou lient conseil d’amis expé rimentés ; on lit des guides ; on apprend des dialectes. On ne croit, plus pouvoir voyager à moins d’être affilié à un club alpin quelconque. Ne peut-on pas faire de la villégiature comme ou fait de la prose? Ne peut-on sortir tout simplement par la porte des champs, et aller devant soi, avec la cer titude que partout la nature a place ses merveilles à la disposition de tous? Si cola n’était ainsi, nous ne pourrions donc jamais, nous autres‘bourgeois dont les ressources sont limitées, nous autres boutiquiers retenus par les rigueurs du comptoir, nous autres réciusionnaires de la plume pair qui n’exista jamais la loi prohibitive du travail du dimanche, nous ne pourrions jamais savoir ce que c’est qu’un air généreux, ce que c'est que la verdure, comment chante le coq, et com ment brait le moins protégé des animaux domestiqués par l'homme. Ce sont les étrangers qui nous disent qu’il y a peu de pays charmams comme la campagne de Paris à cent kilomètres à la ronde, et toutes ces échappées qui pourraient sc faire eu un jour, remplies d'admirations et do surprises, on nous dit que c’est de mauvais goût, comme d’aller a Asnières et à Montmorency. Nous aiI mous mieux attendre toute notre vie i qu’un plus grand loisir surve nue, et nous mourons sans avoir vu ou A chères, ou ; Sezanne, ou Vulaines, ou Bondy, comme mourut ce pauvre Gascon qui n’arriva jamais à voir Carcassonne. Il sembla aussi que nous ne puissions aller nulle part sans prendre une voie de...