Extrait du journal

L’opposition est vraiment plaisante avec ses manies de voir partout des falsifications et des manœuvres frauduleuses 1 Ne se rait-ce fias un peu qu’elle juge le monde d’après elle, et qu’en conséquence elle ne croit à la bonne foi de personne? Nous sou mettons humblement ce doute à l’opposition. Que signifie, nous le demandons en conscience, le long réqui sitoire du Courrier français de ce matin contre la révision des listes électorales? Ne dirait-on pas, en vérité, que les citoyens n’ont aucunes garanties et que la préoccupation unique du pou voir est de gouverner par la tricherie et par la ruse? Emettre de pareils soupçons, en un temps d’aussi grande publicité que le nôtre, contre* un gouvernement fonctionnant jour et nuit sous la double surveillance d’une presse libre et d’une tribune libre, c’est vraiment se moquer des gens ! Et d'abord, nous ferons respectueusement remarquer à l’opuosilion, dans la personne du Courrier français, que le ministère, fût-il même porté instinctivement à imiter la mauvaise foi de ses "adversaires, eût-il même, au lieu du goût des luttes solen nelles qu’on lui connaît, le goût des batailles occultes et des tactiques sournoises, serait bien malavisé d’y avoir recours à cette heure, en présence de l’approbation éclatante qu’a obtenue et qu’obtient sa politique dans le pays depuis cinq ans. Après une existence déjà si longue, si honorable, si applaudie et si ma nifestement consentie par les chambres, nous prions l’opposition de vouloir bien nous dire où elle voit que le ministère se puisse croire le moins du monde en péril, et, en conséquence, com ment elle peut penser que le ministère ait la moindre velléité d’employer le machiavélisme pour se maintenir. Ah ! si le par lement et le ministère s’étalent séparés irrités l’un contre l’autre; si, à la fin de la session, quelques germes de mécontentement avaient paru dans les rangs de la majorité, et qu’un conflit grave eût été à craindre pour la session prochaine, nous comprendrions que l'opposition pût supposer le gouvernement disposé à mettre tous les moyens en œuvre pour assurer le triomphe de la politi que qu’il croit seule salutaire et vraie. Mais, en l'état des choses, à quoi bon? Ne vaut-il pas cent fois mieux, au contraire, conti nuer d’agir au grand jour, .comme par le passé? n’est-il pas cent fois plus habile de rester dans les limites constitution nelles, comme par le passé, lorsque cette conduite n’a pas cessé, depuis cinq ans, d’obtenir l’assentiment de la France, en dépit des cris et des fureurs grotesques de l’opposition? Quoi î ce serait précisément lorsque le ministère vient de remporter, coup sur coup, deux victoires diplomatiques, lors qu’il est moralement assuré de la satisfaction du pays parlemenre, qu’il irait songer à de mesquines et misérables ressources? Allons donc! vous n’en croyez pas un mol, messieurs de l’oppo sition. Et puis, supposons que cela fût ; supposons que le ministère, entraîné par les perpétuels exemples de mauvaise foi et de four berie que l’opposition lui donne, songeât sans raison à modifier les listes électorales au préjudice de ses adversaires, est-ce que...