PRÉCÉDENT

Le Globe, 30 août 1842

SUIVANT

URL invalide

Le Globe
30 août 1842


Extrait du journal

PARIS, 20 AOUT. La chambre des pairs a voté aujourd’hui la loi de régence?, à la majorité de 163 voix sur 177 votans. Il y a eu l/i boules noires. La discussion 11’a duré qu’une heure et un quart, et s’est bornée à un discours de M. de Dreux-Bvézé et à une réponse de M. Yillemain. On voit que l’opinion de la chambre était formée. La loi de régence est déjà jugée : nous n’y reviendrons pas. Tous ceux dont elle contrarie les espérances l’ont attaquée; tous ceux dont elle satisfait les principes conservateurs et pacifiques l’ont soutenue. L’immense majorité a été du côté de ceux-ci ; ce qui prouve aux plus incrédules que le pays veut les institutions qu’il s’est données, parce que ces institutions lui garantissent toute la liberté désirable avec tout l’ordre nécessaire. La loi de régence est bonne ; ce qui le prouvo, c’est qu’elle a eu pour ennemis ceux qui sont à l’affût des troubles, et dont les théo ries ne peuvent être réalisées qu’au prix des malheurs publics. Les radicaux ne voulaient pas de la loi : je le crois bien ; les radicaux ne peuvent pas vouloir de ce qui écarte toute probabil ité de dés ordre à la première vacance du trône ; les légitimistes n’en vou laient pas non plus : je le crois bien encore ; les légitimistes 11e pou vaient pas vouloir de ce qui consolide la dynastie. Les attaques dont la loi a été l’objet étaient donc des attaques intéressées ; voilà pourquoi elles n’ont trouvé aucun écho dans le pays. Le grand avantage de la loi de régence, c’est d’abord qu’elle convient merveilleusement au présent; ensuite, c’est qu’elle en gage tout juste assez l’avenir pour prévenir le mal, mais pas assez pour empêcher le bien. La nécessité du présent exigeait que la loi de régence grouppàt autour du jeune prince royal toute celte belle et noble famille d’Or léans, ces quatre princes qui seraient encore quatre jeunes gens des plus distingués, quand ils 11e seraient pas ce qu’ils sont. Avec un pareil rempart, les espérances des factions 11e pouvaient pas conserver la moindre chance d’ébranler le trône. Ce qu’il fallait éviter, dans l’avenir, en vue de la paix et de l’ordre, c’est qu’un événement imprévu ouvrit tout à coup une ré gence, et la désignât pour but à divers concurrens. Avec la loi actuelle, une régence peut s’ouvrir sans amener des rivalités, et par conséquent, des luttes et des troubles, car elle se trouve déférée au moment même de son ouverture. Seulement, comme les cham bres sont libres de refaire les lois qu’elles ont faites, elles conser vent le droit de changer les conditions actuelles de la régence, s’il pouvait y avoir jamais un intérêt suprême qui l’exigeât. Mais un pareil cas est évidemment l’exception, et le cas contraire la règle. La loi pourvoit donc à la règle d’une manière générale; et elle ré serve pour l’exception la toute puissance du pouvoir législatif. Tous les hommes d’un sens droit ont compris la loi ainsi, et c’est pour cela qu’ils l’ont votée. Les adversaires qu’elle a eus se com posent des ennemis de la royauté de juillet et de la dynastie, aug mentés de quelques ambitieux qui ont voulu traiter d’égal à égal avec le gouvernement, et de' quelques individualités qui ont pris une loi toute simple pour le sujet d’une décade de Machiavel, et qui ont manqué le bon sens en cherchant la poésie....

À propos

Le Globe était un quotidien guizotiste dirigé par Adolphe Granier de Cassagnac, partisan d’une monarchie tempérée par une Constitution et deux chambres. Journal politique défenseur de la Monarchie de Juillet et du suffrage censitaire, il fut publié de 1837 jusqu’à 1845. Cette tribune politique orléaniste sombra peu avant la chute de Guizot, trois ans avant la Révolution de 1848 et la fin de la Monarchie en France.

En savoir plus
Données de classification
  • lamartine
  • faucher
  • porter
  • giafferi
  • nemours
  • alsace
  • orléans
  • france
  • europe
  • montmartre
  • afrique
  • mâcon
  • albanie
  • parti conservateur
  • école de la guerre