Extrait du journal

GOU VE RNEMENT Nous avons un ministère. C’est quelque chose. Est-ce tout? Nous ne le croyons pas. Nous ne croyons pas davantage que les moins exigeants, à quelque parti qu’ils appartiennent, puissent penser autrement que nous. Il ne suffit pas à un pays de savoir qu’il a un ministère. Il faut qu’il sache aussi et surtout qu’il a un gouvernement. On sait ce que nous entendons par ce mot. Un gouvernement, cela veut dire une ligne politique résolue, des idées nettes et précises sur l’état des questions actuel lement pendantes et la fortune qu’il con vient dans l’intérêt du pays de souhaiter pour elles,des intentions homogènes autant que fermes, solidement reliées dans l’unité d’un faisceau résistant : pour tout dire en un mot, un programme. Ce programme, le nouveau cabinet l’at-il? S’il ne l’a pas aujourd’hui,—car nous admettons qu’une telle entente peut ne pas être l’œuvre de vingt-quatre heu res, — l’aura-t-il demain ? L’aura-t-il en tout cas le jour où il devra se présenter devant les Chambres? Nous ne voulons pas en douter. Même, nous n’en doutons pas. Il serait invraisemblable, après la récente leçon qui vient d’être donnée à l’esprit d’indécision politique, que des hommes tels que ceux qui composent le cabinet-actuel eussent admis la possibilité d’entrer dans une nouvelle combinaison ministérielle aujourd’hui sans y apporter avec eux cette condition, plus indispen sable que jamais, de sa viabilité et de son existence : un programme. Nous devons pourtant reconnaître que, contrairement aux habitudes et aux natu relles exigences de la vie parlementaire, cette question aussi essentielle que préa lable n’a pas été posée sur le tapis. Le fait est assez insolite pour qu’il mérite...