Extrait du journal

A peine rentrée de l’émigration, la marquise de Cespremont avait, tant bien que mal, groupé autour d elle les débris de la vieille société nombadine : nobles sans châteaux, abbés sans abbayes, commandeurs sans commanderies, chanoinesses sans bénéfices. La marquise n’était plus jeune, même en 1805; veuve, sans enfants, déjà infirme, royaliste zélée, bonne catholique, elle revenait telle qu’elle était partie, ne comprenant absolument rien à ce qui venait de se passer, et ne conservant de la Révolution qu’un grand sentiment d’épouvante. La protection d'un proche parent rallié à la nouvelle cour l’avait remise en possession d’une notable partie de ses biens ; la marquise ne s’en plaignait pas moins à qui voulait l’entendre, et ne prononçait jamais...