Extrait du journal

Quand la dernière gerbe est fauchée, quand la dernière grappe est cueillie, le moissonneur et le vendangeur épongent la sueur qui ruisselle de leurs fronts brunis, s assoient à l’ombre des charmilles et se reposent en vidant à petits coups un broc de vin frais. Plus vaillante, plus courageuse, plus infatigable à elle seule que tous les antres ouvriers ensemble, la Mort vendange et moissonne jour et nuit, sans jamais interrompre sa terrible besogne. Depuis quelque temps elle parait redoubler de zèle dans I accomplissement de sa tache funèbre. Une de ses dernières victimes s’appelle Jules Lecomte. Jules comte fut mon ami, un ami tendrement aimé. Le râle de son agonie bruit encore dans mon oreille. J écris ces lignes en sortant du cimetière où I on vient de I enterrer. Le lecteur me pardonnera donc si augourd hui je n’essaye pas de le faire sourire. Il y a un crêpe à ma plume, et j’ai un voile noir devant les yeux....