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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne, 19 février 1873

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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne
19 février 1873


Extrait du journal

On fait courir le bruit que les négociations avec l’Allemagne viennent d’être suspen dues, à cause des événements d’Espagne, que les Allemands considèrent comme provoqués par nous. C’est là un faux bruit, une manœuvre anti-patriotique que je m’empresse de vous dévoiler. Je sais, de source certaine, que les né gociations entamées depuis douze jours, — je précise — n’ont pas été rompues. Je puis même affirmer qu’elles sont en bonne voie et que la libération du territoire est assurée pour le mois de juin au plus tard. Cela ne dépend plus en quelque sorte que de M. Thiers, et personne n’osera lui con tester son ardent patuotisme. Qu’importe la Commission des Trente et son rapport en face de cet événement : La libération du territoire et le paiement de cinq milliards en deux ans, opérés par le Président de la République française ? Voilà ce que verra et dira avant tout le pays et ce qui fera que M. Thiers aura pour lui la France reconnaissante contre les vulgaires ambitieux monarchiques qui nous rappellent trop la fable des grenouilles de mandant un roi. Les nouvelles d’Espagne continuent à mentionner le calme le plus complet. Les troubles de Malaga se sont terminés sans effusion de sang. Les principaux généraux espagnols ad hèrent à la République. Les Etats-Unis viennent de reconnaître la République espagnole. Peu de nouvelles aujourd’hui dimanche. On dit qu’il y a une reunion des princes d’Orléans à Chantilly aujourd’hui. La prin cesse Clémentine de baxe-Cobourg, retour de Vienne, ferait une conférence sur la fusion. Inutile de dire que cette fusion est rendue de plus en plus impossible. Hier au soir, grand dîner à la présidence. M. Grévy, ainsi que plusieurs membres de la gaucho y assistaient, entr’autres le général Billot. Après dîner, grande réception. On par lait beaucoup de la lettre d’un des Trente. A ce sujet, M. Thiers interrogé, sur l’ori gine du nom de foutriquet, qui lui est appliquée, a raconté que c’était le maréchal Soult qui en était l’auteur. Un jour, à la tribune, le maréchal Soult, parlant de sa blessure reçue à la jambe droite, M. Thiers, qui aimait déjà à taire de l’opposition, l’interrompit pour lui crier : — A la jambe gauche. — A la jambe droite, insiste le maré chal. — A la jambe gauche, répète M. Thiers. — C’est peut-être bien possible, répond le maréchal Soult, l’honorable M. Thiers a peut-être raison, c’est à la jambe gauche. Et le maréchal, ministre de la guerre, continua sa péroraison, mais l’interruption avait produit son effet. Soult était rien moins qu’orateur et il était si troublé qu’il perdit complètement le fil de son discours et fut obligé de des cendre de la tribune en s’écriant : — Il faut toujours que ce foutriquet me jette quelque chose dans les jambes. Le nom m’est resté, ajouta M. Thiers, en souriant, mais depuis le Père Duchène, on ne s’en était pas autant servi. Ce soir, grand dîner, centre droit ; les ambassadeurs japonais sont au nombre des convives. Lecture du rapport de M. de Broglie demain, à la Commission, si le noble duc va mieux toutefois. Courrier de 7 heures. RÉUNION DE LA GAUCHE RÉPUBLICAINE. La gauche républicaine, présidée par M. Fourcand, a repris, dans sa séance i h...

À propos

Fondé en 1869, Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne affiche très vite son indépendance totale vis-à-vis de l’État en tenant haut le drapeau de la démocratie. Profondément pacifiste, le journal est convaincu que l’entente des peuples doit passer par une démilitarisation multilatérale. Il paraît jusqu’en 1914.

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