Extrait du journal

pas pour en médire, mais sa garde-robe a î unousement besoin d être renouvelée. Ses pantalons tombent en ruines, son chapeau est chauve, ses boites sont invraisemblables, et quand à son habit noir, ne l'ai-je pas supris l’autre jour en train de passer de l'encre sur les coutures. — Tu dis ? — Oui, mam'zelle, de 1 encre sur les cou tures ! c’est sa manière de le rajeunir. Vous avez beau dire, mam zelle, mais pour souffrir ces choses-là, il faut que votre père, qui les voit, soit, comme on dit un lier original ! — Catherine ! dit Aurore d’un ton fâché, c’est mal, très mal. Je vous défends de jamais parler ainsi de mon père. — C’est bien, mam'zelle, je n’en parlerai plus, mais c’est tout de même bien dur ! — Allons, je ne t’en veux pas, c’est ta langue qui est, comme toujours, un peu trop intempérante, dit Aurore, en souriant, après avoir essuvé de ses doigts mignons une larme que ses reproches avaient amenée dans les yeux de sa nourrice. — Mais, ajouta-t-elle, quelqu’un rentre, je crois que c’est M. Marius. Viens, nourrice, je ne veux pas qu’il nous trouve ensemble ici. Et elle sortit par une porte, emmenant la vieille nourrice, pendant que Marius entrait par l’autre. Marins était alors, comme nous l’avons dit, un garçon de vingt-huit ans. Malgré les faits qui viennent de nous être révélés par la \iedlo Catherine, il ne faudrait pas croire que Marius fut un beau ténébreux. Rien de moins triste, au contraire, et de moins mélancolique que le digne garçon. D’abord, il chantait chaque matin en se faisant la barbe, ce qui est l'indice certain d’un caractère enjoué, ainsi que nous l’avons lu autrefois dans un almanach de Mathieu Laensberg. QDe plus, quoiqu’il n’eût jamais, à l’époque où il étudiait au quartier Latin, mis le pied...