Extrait du journal

un de ces entraînements irréfléchis, qui sont si fréquents dans son histoire, elle a donné son sang, son argent... elle s’est donné elle même. Le qu on a fait d’elle, le voilà i * Ne croyez pas qu’en nappe1 an t ces pu bliques défaillances, dans lesquelles j’es time que nous devons chercher, avec une courageuse franchise, la cause de nos re vers, je cède au désir de jeter dans ce pays qui a besoin par dessus tout de conciliation et d’apaisement, de stériles et d’impoliti ques récriminations. -> 11 est, je les aïs, des douleurs qui etïacent le souvenir de toutes les querelles, et pour combler les vides que la mort et la con quête ont laits, la France a besoin de tous ses enfants : nous les appelons tous et sans distinction à l’œuvre commune. a Encore moins voudrais-je manquer à cos convenances morales qui sont la sauve garde des vaincus. Ah ! sans doute, nous i devons le silence aux vaincus et aux morts, à la condition cependant— ainsi que le di sait il y a quelques jours un des plus] fins esprits de ce temps — « que les morts consentent vraiment à être morts >>, et j’a joute à cette condition que les vivants qui, je le crains, portent un deuil trop fidèle, quoique peu apparent , donnent à nos nouvelles institutions un concours loyal et éclairé par nos communes infortunes. » Mais le courage ne suffit pas, nous l’a vons bien vu, pour faire des armées victo rieuses, si ces armées ne sortent pas des entrailles d’une nation virile ; et pour cons tituer de telles nations il faut d’abord faire des hommes. » lies hommes ! savez-vous bien ce qui les fait grands, ce qui les rend forts, ce qui leur donne cette consistance morale sans laquelle les peuples les mieux doués, à un jour donné, ne sont plus que poussière ? C’est le sentiment de la responsabilité que la liberté seule développe et fortifie : c’est l’instinct net et précis du lien qui unit nos déterminations et nos actes à la fortune de notre pays ; c’est la conscience de l’effica cité de nos efforts, c’est enfin l’activité ci vique, mise au service de desseins nette ment conçus. « Fuyez les sceptiques dont l’ambition fa tigue tous les gouvernements de ses em pressements intéressés, aux yeux desquels toute révolution n’est qu'un accident dont il faut savoir se garer et qui ne Voient dans ces grands soulèvements que le mouve ment régulier du Ilot qui porte au pouvoir une nouvelle génération d’ambitieux avec lesquels il est toujours facile de s’entendre et prudent de s’accommoder. Les hommes se croient des sages, iis ne sont -jue cor rompus, fuyez-les ; c’est la pirevengeance. » Croyez-en, mes amis, ceux qui voient plus haut et plus loin. Un monde nouveau se lève et sollicite votre courage. Quelques regrets que le passé inspire à certains d en tre nous, quelque trouble qu’un avenir ora geux puisse jeter dans nos âmes, acceptons comme un fait dont l’irrésistible évidence s’impose à tous les esprits, l’avènement définitif de la démocratie. * Ernest Pascal. Quel est donc cet Ernest Pascal qui parle à la jeunesse ce vigoureux langage ; qui lui rappelle notre som meil de vingt ans et l’oubli de ces garanties pour lesquelles nos pères avaient si énergiquement combattu ; qui fait un éloge sans réserve de la République de 48'*8, si honnête et si désintéressée ; qui prêche l’avénement de la démocratie, comme un fait dont l’irrésistible évidence s'im pose à tous les partis ; qui sollicite dans ce sens le courage des jeunes générations et s’irrite contre les morts qui ne veulent pas consentir à être vraiment morts *?...