Extrait du journal

« Cherche à qui le crime profite 1 » Or, il résultait de ce qu'il venait d'en tendre que, jusque-là, hormis la somme volée, le crime ne profitait réellement qu’à Cécile Chamblay et à son fils, dont le passé ne lui semblait pas irréprochable. Il y avait là une piste ; il fallait la suivre. VI Constance avait essuyé ses pleurs. Elle se rappelait les jours heureux du passé, toute sa jeunesse évoquée par l’appel de l’ami bienveillant qui venait de la défendre, et le souvenir du bonheur qu’elle avait goûté pendant plus de vingt ans la transfigurait. Il ne s’agissait plus de s’abandonner au chagrin, de verser des larmes. Un devoir impérieux s’imposait à elle : celui de dire la vérité et rien que la vérité, et de laisser ensuite ce magistrat, froid et impassible devant elle, ses enfants qui courbaient en core la tête sous les injurieuses appellations de concubine et de bâtard, — ses juges, — se prononcer sur cette question : Oui ou non, était-elle indigne ? La lumière du soleil, jusque-là cachée, pénétra à travers les gra.ïds rideaux du salon et se posa un instant sur elle comme pour lui prêter l'éclat féerique de sa splen deur rayonnante, et lui faire une sorte d’a pothéose. Sa tête blonde, charmante encore dans la douleur, s’entoura d’un nimbe d'or, éclatant et lumineux. Ce fut comme une apparition resplendissante. Paul et Charlotte poussèrent un cri d’ad miration et se jetèrent dans les bras que Constance tendait vers eux. Elle les pressa sur son cœur et les y main'int dans un tendre enlacement. Puis,...