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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne, 3 mai 1895

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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne
3 mai 1895


Extrait du journal

Le premier mai était jadis la fête du renouveau, le jour où dans nos contrées du Nord on quittait la ville de grand matin pour courir le vert et aller dans les estaminets de la banlieue faire son repas du ma tin avec une dausse à l’oignon vert recouverte de bon beurre, et en buvant quelques verres de cidre. C’est ainsi que les choses se pas saient autrefois à Saint-Quentin. On allait au Bois des Roses dans les trois auberges qui se trouvaient en cet endroit, à la Viole sur la route de Cambrai, à l’Arbre-Vert sur la route du Cateau, à la Bergère sur la route de Paris, au PetitNeuville, et chez Jacques à l’Andouille sur la route de Guise. Aujourd'hui, on travaille partout, à l’exception de certains grands ateliers dans lesquels on trouve de braves ouvriers qui ont quitté leurs villages pour venir chercher dans la ville un travail assuré et un sa laire autrefois très rémunérateur, mais à peine suffisant maintenant pour nourrir leurs familles et payer un loyer toujours trop élevé en raison de leurs modestes ressources. C’est fâcheux, mais c’est ainsi. Celui qui ne ferait pas comme les autres serait montré au doigt, il serait mis à l’index et réprouvé par les meneurs, malheureusement toujours très puissants. On sait ce qu’était le premier mai, il y a quelques années , dans nos villes industrielles. On redou tait ce jour. Le bourgeois calme, paisible, quittait la ville pour aller à la campagne ou dans les petites cités où l’on n’a pas à craindre des manifestations oui peuvent amener des troubles comme ceux qui se sont produits dans quelques villes il y a quatre ans. Lo parti socialiste paraît s’être assagi. S’il rêve toujours d’écraser le capital, et de faire triompher les stupides doctrines du collectivisme, il reconnaît qu’il ne peut rien es pérer des moyens préconisés par les déclamateurs révolutionnaires qui s’annoncent comme les apôtres de la révolution sociale. A l’exception de quelques uns tous condamnent la grève ; tous la réprouvent * t la considèrent comme funeste pour les ouvriers. Quant au l('r Mai, on ne veut plus en faire une journée de désordre, d’anar chie, de violence, mais la fête du travail ayant tout simplement pour signification « la guerre des bras croisés à l’égard du capital ». C’est inoffensif, et il n’est pas né cessaire de s’arrêter pour demander ce que signifie cette guerre préco nisée par M. Allemane. Pour le moment, le 1er Mai est tout simplement un nouveau di manche institué par les chefs de l’école socialiste, et que beaucoup d’ouvriers refuseront de chômer d’année en année. C’est bien assez d’un tous les sept jours. Le pape qui a institué la Saint Premier Mai, vivra peut-être encore assez de temps, pour voir son saint re...

À propos

Fondé en 1869, Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne affiche très vite son indépendance totale vis-à-vis de l’État en tenant haut le drapeau de la démocratie. Profondément pacifiste, le journal est convaincu que l’entente des peuples doit passer par une démilitarisation multilatérale. Il paraît jusqu’en 1914.

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