Extrait du journal
M. Léon Bourgeois a été élu dimanche président de la Chambre, ce qui n’a beaucoup surpris per sonne ; cependant ses amis ne comptaient pas sur une majorité de 36 voix. On s'attendait, entre M. Deschancl et lui, à une dizaine de voix seulement de différence. Les deux candidats comptaient d’ailleurs des sympathies nom breuses, et il est difficile à ce point de vue d’attribuer au vote de di manche toute la portée que les radicaux-socialistes lui donnent. S’ils avaient voulu faire approuver par la Chambre leur politique dé nuée de tout ornement, ils auraient du la lui présenter sous la forme de M. Brisson ; il a paru trop agressif ; on lui a préféré M. Bour geois dont les dehors sont plus doux, et qui disposait d’un appoint personnel très appréciable. Nous avouons, d’ailleurs, que tel était aussi le cas de M. Deschancl. La manière dont il a présidé la der nière Chambre, sa bienveillance et sa courtoisie, son impartialité sur tout, sans parler de l’attrait de son talent, lui avaient valu autrefois bien des suffrages dont quelquesuns lui sont restés fidèles, tandis que d’autres se sont détachés de lui à regret. Le souvenir de sa pré sidence ne s'effacera pas, et il est à désirer que son successeur s'en inspire. Ce n’est malheureusement pas ce qu’il a fait dès la séance de dimanche; nous aurons à revenir sur le discours qu’il a prononcé en prenant possession du fauteuil. Mais il faut d’abord analyser les causes de son succès. On a assuré, dans les couloirs de la Chambre, que quelques nationalistes y avaient contribué, et cela est possible. Les nationalistes sont assez enclins à chercher, comme on dit, le bien dans l’excès du mal. N’est-ce pas sur l’exagération du mal qu’ils ont fondé leur politique ? La guerre qu’ils ont faite à la majorité du parti républicain, souvent injuste contre les personnes et toujours maladroite, a exaspéré cette majo rité, et n’a pas peu contribué à lui donner le ton et l’allure qu'on lui a vu prendre dés la séance de di manche. Les rancunes de la cam pagne électorale ont contribué, au moins provisoirement, à rejeter à gauche des députés qui avaient jus qu’ici appartenu au centre. Le temps guérira sans doute ces blessures ; il apaisera cette mauvaise humeur; mais, dimanche, tout cela était encore à l’état aigu. Certains natio nalistes ne sont pas plus partisans que les radicaux et les socialistes de la détente et de l’apaisement. Comment ont-ils voté ? C’est le secret de leur conscience. Enfin,...
À propos
Fondé en 1869, Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne affiche très vite son indépendance totale vis-à-vis de l’État en tenant haut le drapeau de la démocratie. Profondément pacifiste, le journal est convaincu que l’entente des peuples doit passer par une démilitarisation multilatérale. Il paraît jusqu’en 1914.
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