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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne, 13 juin 1902

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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne
13 juin 1902


Extrait du journal

additions aux ordres du jour, que do pra tiques singulières peu à peu introduites dans nos usages, sans profit pour aucun arti puisque chacun cherche à s’en servir son tour, mais non sans grand dommage pour la rapidité, la clarté de notre travail et pour la bonne ordonnance et pour le bon renom de l’œuvre législative. Si le concours de votre président est demandé par vous, mes chers collègues, pour porter remède à ces défauts de notre procédure , contre lesquels si souvent mes prédécesseurs se sont élevés, je le donnerai de toutes mes forces, certain de bien servir ainsi la cause chère à tous les peuples libres, celle du régime parle mentaire. Mais la meilleure procédure serait inu tile si l’esprit commun d’une discipline vo lontaire ne nous pénétrait pas tous égale ment. La lutte des partis ne peut cesser d’être ardente, et cette ardeur même est le signe de la force et de la profondeur des convictions de chacun de nous. Mais les passions élevées trouvent naturellement une expression digne d’elles, et celles-là seules ont le droit de se manifester parmi nous. Votre président, mes chers collè gues, mettra à défendre la liberté de votre parole, à assurer le respect de vos person nes, à maintenir le calme et la dignité de vos débats, toute sa patience, comme aussi toute son énergie. Il n’agira point en représentant d’un parti, mais il s’acquittera du plus élevé de ses devoirs d’arbitre, en faisant respecter par tous ce lieu d’asile de la vérité et du droit, cette tribune nationale dont les échos ont porté à tous les points du monde les inspirations de la pensée française et dont le rayonnement ne saurait s’atfaiblir sans une diminution de la gloire de la pa trie et sans un amoindrissement de l’esprit humain. Messieurs, le suffrage universel a parlé ; les élections générales ont donné à l’idée républicaine une nouvelle victoire. La na tion entend mettre nos institutions libres au-dessus de toute discussion ; elle ne per mettra pas que la République soit l’objet de nouvelles atteintes ; elle la veut respec tée par tous, et surtout fidèlement servie par ceux qui parlent en son nom. Comme l’a dit le président du Conseil d’hier, au moment ou il quittait volontai rement un pouvoir exercé pendant trois années avec tant d’éclat, comme le pense certainement le gouvernement qui va se présenter devant nous, il s’agit aujourd’hui « d’assurer, non nas seulement le main tien, mais le développement des institu tions républicaines ». C’est qu’en effet, la nation ne voit pas seulement, dans la République, la forme d’une constitution politique, elle attend des réalités bienfaisantes, elle veut en faire l’instrument des réformes nécessaires à l’organisation d’une démocratie. Elle veut que la République soit une so ciété vraiment équitable où, dans un com mun respect pour toutes les lois, le citoyen puisse avec sûreté jouir de tous scs droits, exercer toutes scs activités, trouver la juste récompense de sou travail et de son mérite, enfin développer en toute liberté, sa conscience et sa raison sous la sauve garde de la neutralité absolue de l’Etat ; où les charges publiques réduites par le plus rigoureux contrôle et la plus stricte économie, cessent de peser du poids le plus lourd sur les épaules les plus fai llies ; où l’accumulation en quelques mains de la puissance de l’argent ne puisse pas devenir une menace pour la sécurité de tous. Elle veut que la République soit aussi une société vraiment fraternelle, où la vieillesse, l’invalidité, l'infirmité physiques ou intellectuelles soient un titre à l’appui de tous ; où, par une mutuelle assurance, les uns et les autres soient protégés con tre l’ensemble des risques qui dépassent la prévision et la prudence individuelles, et qu’augmente la complexité croissante de l’état économique ; où chacun de nous soit tenu à l’accomplissement de tout son de voir social. Elle veut en un mot que la République soit réellement une association humaine où diminuent chaque jour l’égoïsme, l’in tolérance et la haine, où règne enfin la paix véritable, celle que le sentiment commun de la justice satisfaite peut seul établir entre les consciences des hommes libres. Et dans cette paix intérieure la nation voit le gage de 1 unité morale qui fera la patrie plus forte et plus grande, et qui lui permettra, confiante en une armée silen cieuse et fidèle où serviront également tous ses enfants, forte d’une solide alliance et du respect de tous les peuples, de main tenir le rang et les dioits qu’elle tient de son glorieux passé, et de poursuivre dans...

À propos

Fondé en 1869, Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne affiche très vite son indépendance totale vis-à-vis de l’État en tenant haut le drapeau de la démocratie. Profondément pacifiste, le journal est convaincu que l’entente des peuples doit passer par une démilitarisation multilatérale. Il paraît jusqu’en 1914.

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