Extrait du journal

n’était point la seule ; d’autres étaient à vanter et ravissantes ; mais Braslot, en tournant dans les salons, fut tout à coup attiré par l’ondulation d’une taille : une jeune fille au piano, qui faisait danser, le frappa. De l’endroit où il se trouvait il vit d’abord mal le visage. Mais un peu du front se découvrit tout à coup entre les couples tournoyants. . Elle jouait à ravir, tel fut l’avis du bon Braslot qui devait bien admettre que dans une mazurka il faut chercher plus de me sure que d’âme. Enfin, ce qu’il voyait de la musicienne le charmait. Et surtout sa tenue. C’était sans doute quelque maîtresse de piano qui gagnait péniblement un cachet. Elle jouait pour tant sans bouderie et n’avait pas l’air de protester comme tant d’autres en tapant mécaniquement sur les touches, avec des attitudes d’héroïnes persécutées. Braslot s’approcha, et tout à coup il re cula avec effarement. Il se réfugia à l’autre bout du salon comme s’il avait eiF-peur d’être reconnu. Celte jeune fille, là-bas, au piano, c’était Gilberte. Comment se trouvait-elle ici ? Par quelle suite de fatalités en était-elle venue à cette nécessité de gagner sa vie et de préférer ce gain hasardeux et ce travail pénible au retour à Séname, au château des Joliettes, près de Cendrau ? L’excellent Braslot ne se le demanda point tout d’abord, il n’eût qu’une pensée : Marcel assistait à cette soirée, il allait infailliblement y rencontrer Gilberte....