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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne, 15 septembre 1909

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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne
15 septembre 1909


Extrait du journal

sans faire exception des questions de personne. M. Chéron, s’inspirant d’idées ana logues parle à son tour « d’un large esprit de tolérance » et d’un temps où les controverses seront tout à fait courtoises. Un large optimisme anime le sous-secrétaire d’Etat de la marine, et le Congrès des pêches ma ritimes donne de la sérénité à sa phi losophie. Il y a cependant, si le texte donné par les agences est bien fidèle, une précaution oratoire dans le discours de M. Chéron. e La paix politique, a-t-il dit, s’affirmera peu à peu... à mesure qu’un esprit de large tolé rance, dont nous entendons donner l’exemple, sera pratiqué à l’égard de toutes les personnes et de toutes les idées ». Personne ne pourrait contre dire à une telle vérité. Il est évident que la paix sera en proportion de l’esprit de tolérance, et après tout n’importe quel ministre aurait pu en dire autant. Ce qui est nouveau et important dans le discours de M. Chéron, c’est la phrase incidente et rapide : « dont nous entendons donner l’exemple». Voilà ce que tout le monde ne peut pas dire; voilà ce que M. Chéron au rait eu de la peine à dire sous le précédent ministère, dont il faisait partie. Mais a-t-il le droit de le dire? C’est ce que nous verrons bien. M. Chéron prend une sorte d’en gagement ; il affirme : « Nous enten dons donner l’exemple. » Fort bien : donnez-le donc. Faites que sous lo gouvernement de M. Lutaud, un maire du Rhône ne refuse pas un permis de chasse à un électeur qui ne lui plaît pas et que le préfet de la Seine-Inférieure ne gène pas la cir culation des trains de pèlerins. Certes nous apprécions les pro messes de M. Chéron : nous les re cueillons, nous les enregistrons. Bien tôt, sans doute, des faits significatifs attesteront que propos de sous-secré taire d’Etat et propos de ministre va lent mieux que de l’air battu. Ainsi le Cabinet se dessinera, dans l’his toire de ce temps, une figure origi nale, puisque sous la République telle que, depuis quelques années, elle nous est faite, le libéralisme pratique a de quoi distinguer un gouverne ment et le singulariser. Mais il lui faudra l’énergie de heurter de vieilles habitudes. Des philosophes n’obser vent-ils pas le phénomène de l’habi tude même dans la matière inerte? Un personnel administratif n’est pas sans ressemblance avec la matière inerte — à moins qu’il ne se signale par des initiatives comme celles de M. Lutaud. Quant aux idées sociales de M. Chéron, elles sont ce qu’on nomme en style parlementaire «généreuses». Nous aimerions qu’elles fussent pré cises. M. Chéron parle de régler les rapports « des capitaux associés et du travail associé», sans sacrifier «aucun effort ni aucun droit », de mettre fin aux conflits dont souffre la prospérité générale, et de permettre à ceux qui produisent la richesse d’en recueillir une part légitime: qui peut saisir en quels textes de loi se traduiront ces vœux? La seule chose déjà claire est que M. Chéron n’est point collectiviste ; il reconnaît le capital ; il reconnaît même que les conflits sont un dom mage pour la prospérité générale ; il a souci des droits et des intérêts de chacun. 11 dirait presque comme M....

À propos

Fondé en 1869, Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne affiche très vite son indépendance totale vis-à-vis de l’État en tenant haut le drapeau de la démocratie. Profondément pacifiste, le journal est convaincu que l’entente des peuples doit passer par une démilitarisation multilatérale. Il paraît jusqu’en 1914.

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