Extrait du journal
nous, gens de la ville, dont la vie est si chère, surtout depuis que la guerre faite par Napoléon III nous a écrasés de taxes et d’impôts. Pendant que vous travaillez à vos récol tes, vos députés ne restaient pas les bras croisés, quoi qu’en disent les ennemis de la République. Ils ont bâclé quelques bonnes lois et fait quelques réformes utiles dans l’intérêt du peuple. Au reste, voici le moment où ils vont se rendre au milieu de vous, et, comme ils vous doivent compte de leurs travaux,vous aurez le droit de les interroger, et ils auront le devoir de vous interroger. Vous n’avez guère eu le temps, ces mois derniers, de suivre dans les journaux les séances de la Chambre, et cela se com prend. Quand on a fauché, bottelé, mis en gerbes pendant toute la sainte journée, on est plus pressé d’aller se mettre au lit que de savoir si Pierre et Jacques ont bien ou mal parlé. C’est pourquoi nous jugeons utile de vous expliquer, non par le menu (cela serait un un peu long et vous ennuierait), mais en gros, tout uniment et tout simplement, comme nous le ferions à la veillée, ce qui s’est passé à Versailles depuis l’ouverture de la dernière session. Les députés républicains que vous avez nommés sont réellement d'honnêtes ci toyens , pleins de bonnes intentions et amis du bien public. Nous, qui les avons vus à l’œuvre tous les jours, nous leur ren dons ce témoignage, en toute conscience, qu’ils n’ont eu en vue que ies intérêts de la nation. Qu’aviez-vous demandé à vos députés avant de les envoyer à Versailles ? Trois choses. D’abord, maintenir la République, sans laquelle il n’y a m paix possible en Europe, ni repos assuré à l'intérieur. Ensuite rendra à la nation ses libertés municipales. Enfin voter l’enseignement gratuit et obligatoire. De vous dire que vos députés aient en tièrement rempli vos vœux, ce serait une grande exagération. Ils ont tait ce qu’ils ont pu, voilà tout. Iis ont, par leur sagesse et leur fermeté, affermi la République, au point de déses pérer ses adversaires. Les monarchistes ont maintenant les ongles limés, et cela pour longtemps, soyez-en surs. Ils ont ensuite augmenté le budget de l’instruction publique de 11 millions. Ces 11 millions, donnés à vos enfants, sont un cadeau que jamais monarque ne vous a tait. Quant aux libertés municipales, ils au raient bien voulu les donner à toutes les communes. Mais le Sénat n’y aurait pas consenti. Vous savez comment le Sénat a été nommé, et sous quelle administration. Il compte parmi ses membres M. de Broglie, c’est beaucoup dire, et M. Buffet, c’est tout dire. Néanmoins, malgré le mauvais vouloir de ces messieurs,vos députés républicains ont lait rendre à 33,000 communes leurs droits municipaux. Oui, 33,000 communes auront le droit désormais de nommer leurs maires et leurs adjoints. N’est-ce rien que cela ? Voilà ce que vos députés ont fait pour vous. Et quand nous disons pour vous, nous nous entendons bien. Car ondirait vraiment que, pendant toute cette session, ils n’ont eu de sollicitude que pour vous. Les droits municipaux qu’ils vous ont donnés, Paris ne les a pas ; Lyon, Marseille, Bordeaux, Lille, ne les ont pas ; nos chefslieux de département, d’arrondissement, de canton, ne les ont pas. L’instruction gratuite, qu’ils vous ont don née, et qui amènera bientôt l’instruction obligatoire, toutes les villes, ou peu s’en faut, la possédaient déjà. Et notez ce point importât. Tous ces mil lions qu’ils ont prodigués pour la fondation...
À propos
Fondé en 1869, Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne affiche très vite son indépendance totale vis-à-vis de l’État en tenant haut le drapeau de la démocratie. Profondément pacifiste, le journal est convaincu que l’entente des peuples doit passer par une démilitarisation multilatérale. Il paraît jusqu’en 1914.
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