Extrait du journal

< SUITE ) — Pas loin de deux cents francs. — C’est une somme cela, sais-tu, Pierre. — Hélas 1 oui, une somme ! Et il songea a part soi que depuis bien des mois cet argent serait en sa possession si, pareil a Judas qui vendit son maître, il n’avait pas vendu au démon du jeu le prix de son enfant. Fortunée l’examinait à la dérobée ; elle le vit refréner deux larmes échappées de ses yeux. — Où trouver deux cents francs ? deman- i da-t-elle d’une voix triste et douce ; peut être j as-tu des économies, Pierre. — Non, articula-t-il d’une voix étranglée. Le cœur desl femmes contient d’ineffables trésors d’indulgunce. Elle s’agenouilla tendrement devant Pierre Miction qui, affaissé sur sa chaise, le Iront bas, les bras tombants, paraissait anéanti. Elle prit entre ses mains brûlantes les mains froides de l’ouvrier graveur. Puis, avec une câhnene, avec une grâce adorable, glissant jusque sous les lèvres de son mari son front mat et pâle comme la cire, elle murmura : — J’ai la somme. — Toi t toi 1 tit-il vivement et comme ré veillé en sursaut....